Ce que révèle le rapport du ministère de l'Habitat sur la corruption dans l'immobilier

D'après une étude menée par le ministère de l'Habitat auprès de l'ensemble des acteurs  l'immobilier, les pots-de-vin et le paiement "au noir" sont les formes les plus courantes de corruption dans le secteur. Des pratiques dont la subsistance est aidée par un manque de confiance des citoyens envers les autorités.

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MAP

La corruption dans le secteur immobilier existe. Elle est d’autant plus redoutable et dangereuse qu’elle met en péril la vie de plusieurs personnes, révèle une étude officielle du ministère de l’Habitat. L’enquête, menée durant 18 mois, a été présentée hier au parlement par le ministre de tutelle Abdelahed Fassi Fihri, en présence du chef du gouvernement.

L’étude a été menée dans les villes connaissant une importante dynamique dans le secteur immobilier à savoir Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech et Fès. Près de 1.600 personnes de toutes les branches du secteur immobilier ont été sollicitées dans le cadre de cette étude.

Un fléau difficile à cerner

L’enquête a notamment révélé les différentes facettes  de la corruption dans le secteur immobilier, selon les contextes. Les pots-de-vin et le paiement “au noir” apparaissent comme les formes les plus répandues de corruption, avec 78% des cas rapportés. En plus de ces deux formes de corruption, le ministère liste également des cas d’extorsion, de fraude, de favoritisme et de détournement de biens et de services publics.

Alors que l’Etat a mis en place depuis 2015 un numéro vert pour permettre aux citoyens de dénoncer les cas de corruption, une grande partie des personnes interrogées estime que cette mesure ne dissuade pas les adeptes de cette pratique.

Selon le rapport de l’étude, la corruption trouve sa source dans le manque de contrôle, les failles dans le cadre légal et organisationnel du secteur immobilier, l’ignorance ou le non-respect des lois, et le manque de confiance des victimes en vers les autorités.

 Les solutions proposées

Selon le rapport, la corruption dans le secteur immobilier freine les investissements et enfreint le principe de la concurrence loyale entre les entreprises. Elle engendre également plusieurs inégalités sociales. 101 dangers potentiels ont été relevés dans le rapport. Leur portée va du  domaine de la construction (57)  à la distribution (32),  en passant par la planification urbaine (7), ou encore l’élaboration de l’assiette foncière (5).

Les auteurs de l’étude proposent également des solutions. Ils préconisent notamment de faciliter l’accès à l’information, de renforcer les moyens de gouvernance, de suivi et d’évaluation, mais aussi d’améliorer les dispositifs de contrôle, de sensibilisation et de dénonciation de la corruption.

Pour “nettoyer” le secteur immobilier, les auteurs du rapport proposent en outre de renforcer les moyens de dénonciation, l’orientation des citoyens dans les administrations publiques, la mise à niveau des guichets uniques et l’instauration de codes d’éthique destinés aux professionnels et agents publics.