Dix ans après la mise en place, en 2009, de la « La stratégie nationale sur le sport », consécutive de la lettre royale de Skhirat de 2008 qui pointait du doigt tous les maux et imprécisions du sport marocain, l’heure du bilan a sonné.
Or, un audit ordonné par le ministère de tutelle a à nouveau relevé une série de défaillances dans le fonctionnement du sport marocain. Pour l’heure, 25 fédérations sportives sur 53 ont été auditées. Les deux cabinets de conseil chargés de l’audit, ACO Consulting et GE Consulting ont procédé à 17 certifications avec réserves et 8 refus de certifications, apprend-on de source ministérielle, qui nous indique que ces rapports seront étudiés de plus près par la Cour des Comptes.
Suite aux premiers résultats de l’audit, la Fédération royale marocaine de basketball a déjà été dissoute. Et contre le gré de son ex-président, Mustapha Aourach, une commission provisoire a été formée et sera chargée d’organiser une assemblée générale pour former un nouveau bureau fédéral.
Aussi, le ministère a pris une série de mesures lors d’une réunion tenue en avril. Le ministère de tutelle entend ainsi priver de subventions les fédérations qui ne rentreraient pas dans les clous. Plutôt convaincant, lorsqu’on sait que ces subventions représentent jusqu’à 50% du budget des instances fédérales.
Les conditions à remplir
Pour toucher des subventions, les “fédés” devront désormais présenter des programmes sportifs détaillés, communiquer leur budget prévisionnel de l’exercice, élaborer une stratégie à long, court et moyen terme et donc, tenir une assemblée générale dans les délais légaux. Selon les indiscrétions récoltées par TelQuel, les audits révélaient précisément comme nombre d’AG n’étaient pas tenues.
Une autre condition concerne le volet technique des fédérations. Les instance devront obligatoirement disposer d’un directeur technique (DT), qui fixera des objectifs “atteignables”, selon les moyens déployés. Selon nos sources, les DT seront amenés à être des “interlocuteurs privilégiés”, mais aussi “les premiers responsables en cas d’échec de la stratégie sportive”.
Reste que le montant des salaires de ces techniciens pourraient être problématique. “Des promesses dans ce sens ont été faites par le ministère, mais aucun document n’a encore été signé,” nous assure-t-on.
Des subventions qui dépendent des résultats
“Pas d’argent sans résultats,” c’est aussi la nouvelle devise du ministère de Rachid Talbi Alami, à moins de 14 mois des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Les subventions attribuées aux fédérations vont désormais dépendre des résultats sportifs de leurs affiliés. Elles seront versées et étalées sur 4 ans, soit la même périodicité que les JO. L’objectif est clair : « représenter dignement le Maroc lors des JO, » nous indique notre source. Auparavant, les montants des subventions étaient fixes, et versées chaque année.
La répartition du budget a également été fixée par le ministère. Désormais, les fédérations devront investir 70% du montant des subventions dans des objectifs sportifs (compétitions et formation), alors que 30% du montant pourra être utilisé pour le fonctionnement et autres travaux. Une décision qui intervient après une sortie haute en couleur de Rachid Talbi Alami en février dernier. Lors d’une journée d’étude à l’Institut de la formation des cadres du ministère de tutelle, le ministre avait relevé que certaines fédérations étaient plus préoccupées par les états de leurs sièges respectifs, que par l’investissement dans la formation des futurs champions.
« Nous vivons un véritable problème. D’un coup, tout le monde a commencé à jouer aux maçons en construisant de nouveaux sièges, sans réellement réfléchir à la qualité de service, ni aux autres priorités. Ce que je veux, c’est des maçons d’un autre genre. Je veux qu’on arrête de bâtir des murs et qu’on se mette enfin à bâtir l’humain, bâtir le sport, bâtir l’avenir pour remporter des médailles et des trophées » avait-il déclaré, avant de conclure : « les 53 fédérations sportives doivent avoir le rôle de 53 centres de formation » avait-il conclu.