A chaque ramadan, sa flambée des prix. Plusieurs produits alimentaires connaissent en effet une hausse de prix pendant ce mois. Cette année, le prix de l’oignon a commencé à grimper bien avant le début du ramadan. Vendu en moyenne à trois dirhams le kilogramme, le prix de l’oignon a été multiplié par quatre dans les marchés traditionnels. Selon TelQuel Arabi, le prix de la cébette (oignon vert) a lui doublé, passant de 2,5 dirhams en moyenne à 5 dirhams le kilogramme.
Faible pluviométrie
Les prix actuels de l’oignon sont similaires à ceux de 2016. Le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime avait alors lié la hausse des prix à une faible pluviométrie. Aujourd’hui, la situation serait similaire. Selon Abdenabi Zerari, président de l’Association des producteurs d’oignons et de pommes de terre de la région d’El Hajeb, « les prix pratiqués actuellement pour la vente de l’oignon sont liés à l’offre qui est affectée par les faibles précipitations ». Les régions qui cultivent traditionnellement l’oignon, comme Chiadma, Doukkala, Ain Al Karma et Mdakra n’ont pas pu fournir les marchés nationaux en quantités suffisantes en raison de leurs faibles productions, a-t-il expliqué.
La campagne agricole 2018-2019 a enregistré une pluviométrie au 24 avril 2019 de 290,5 mm, en baisse de 11% par rapport à la moyenne de 30 ans (326,3 mm) et de 23% par rapport à la campagne précédente (375,3) à la même date, avait indiqué le département de Aziz Akhannouch, fin avril dernier.
À en croire Abdenabi Zerari, la hausse des prix de l’oignon ne profitent pas aux agriculteurs. Ce sont plutôt les intermédiaires qui en tirent la plus grosse marge de bénéfice, profitant de la forte demande du produit pendant le ramadan. Selon lui, les agriculteurs ont déjà vendu leurs récoltes, l’été dernier à des prix compris entre 70 centimes et 1,50 dirhams le kilogramme.
Appel au boycott
Face à cette situation, les internautes ont lancé depuis quelques heures le hashtag #laisselepourrir sur les réseaux sociaux appelant au boycott des oignons.
Ce n’est pas la première fois que le hashtag en question est utilisé au Maroc. En mai 2018, des internautes lassés de voir les prix du poisson exploser pendant les premiers jours du mois de ramadan avaient lancé le hashtag #خليه_يخناز (« laisse-le pourrir »), reprenant une formule similaire à celle utilisée pour appeler au boycott du lait de Centrale Danone, #خليه_يريب (« laisse-le cailler »).
Interpelé le 6 mai à la Chambre des représentants sur les mesures prises pour protéger les consommateurs pendant le ramadan, le ministre délégué PJD chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Lahcen Daoudi a appelé “les citoyens à dénoncer toute augmentation des prix des denrées alimentaires et toute commercialisation de produits périmés au cours du mois sacré”. Il a aussi rappelé la réactivation du numéro de téléphone national 5757 par le ministère de l’Intérieur, dédié aux réclamations des consommateurs.