Le peuple veut la libération des détenus”, ont scandé les manifestants, sous un temps maussade, défilant derrière une banderole en soutien aux prisonniers de ce mouvement de protestation populaire aux revendications sociales et économiques.
Baptisée “la marche du peuple marocain: stop à l’injustice politique”, cette manifestation a été organisée à l’appel des familles de détenus et plusieurs organisations politiques et de défense des droits humains.
“Nous appelons à la fin des arrestations politiques et à la libération de tous les détenus des mouvements sociaux et à répondre à leurs revendications légitimes”, a déclaré à l’AFP Boubaker al-Jawhari, un militant.
La Cour d’appel de Casablanca a confirmé début avril les peines de 42 membres du Hirak, accusé de visées séparatistes par le pouvoir. Nasser Zefzafi, 39 ans, et trois autres militants formant le noyau dur de la protestation ont écopé de 20 ans de prison ferme, soit les peines les plus lourdes, notamment pour “complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat”. Les autres ont été condamnés à des peines allant de 1 à 15 ans de prison.
Transfert sujet à controverse
Les militants avaient été transférés le 11 avril de Casablanca vers des prisons du nord du Maroc pour être plus “proches de leurs familles”, selon l’administration pénitentiaire. “Ils ont été transférés dans les pires prisons du royaume”, a dénoncé Ahmed Zefzafi le père de Nasser, lors d’une conférence de presse organisée après la manifestation, au siège de l’association marocaine des droits humains. Il a ajouté que les détenus avaient “entamé une grève de la faim” et appelé les “décideurs à trouver une issue à cette crise”.
Des mères et soeurs de militants ont affirmé que les détenus protestaient contre leurs conditions de détention et demandaient à être “rassemblés dans une prison proche d’Al Hoceïma”, épicentre de la protestation dont ils sont originaires pour la plupart. “Leur état de santé est suivi de très près”, avait assuré vendredi la direction des prisons au Maroc dans un communiqué.
“Nous ne sommes pas des séparatistes. Nos fils ont seulement revendiqué leur droit à une vie digne”, a clamé la mère de Nabil Ahemjik, condamné à 20 ans de prison et transféré à la prison de Fès, à 270 km d’Al Hoceïma.
Arrêté pendant sa couverture d’une marche de protestation à Al Hoceïma, le journaliste Hamid El Mahdaoui avait lui écopé de trois ans de prison pour ne pas avoir alerté la police des appels d’un inconnu évoquant des armes pour le Hirak.
Le Hirak a été déclenché par la mort, en octobre 2016, d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise.
Plusieurs associations et ONG ont critiqué la sévérité des peines. Les autorités marocaines, elles, ont toujours assuré que le processus judiciaire était conforme aux normes internationales.