Le bras de fer engagé entre les enseignants-cadres des Académies régionales (AREF) et le ministère de l’Education se poursuit. Alors que des représentants de la Coordination nationale des enseignants “contraints à contracter” (CNECC) s’étaient engagés à lever la grève à partir du lundi 15 avril, le Conseil national de la CNECC décide, à contre-courant, de la prolonger jusqu’au 25 avril.
Pour les contestataires, le ministre de l’Education nationale “devrait faire preuve de bonne foi en s’engageant sur des solutions plus sérieuses et en ouvrant un dialogue constructif et direct avec les contractuels. Alors que jusque-là, il a failli à tous ses engagements”, nous explique Khadija El Bakkaye, membre du Conseil national, à l’issue de la réunion du Conseil national de la CNECC, tenue mardi soir à Marrakech.
Des engagements de la tutelle
Par “engagements”, l’enseignante fait allusion aux conclusions de la dernière réunion tenue le 13 avril et présidée par le secrétaire général du ministère de l’Education nationale. Organisée sous la médiation du Conseil national des droits de l’Homme, et de l’Observatoire national du système de l’éducation et de la formation, et en présence de représentants de la CNECC et des syndicats, cette réunion a abouti à l’engagement du ministère sur un certain nombre de points.
Le département de Saaid Amzazi s’était notamment engagé à suspendre “toutes les mesures administratives et juridiques prises à l’encontre de certains enseignants”. Il a été également convenu de “verser les salaires suspendus”, et de “réexaminer la situation des enseignants cadres des AREF”, lit-on dans un communiqué du ministère, diffusé le soir du 13 avril.
Lors de cette réunion, les parties impliquées se sont également mises d’accord sur le fait de “reporter l’examen de qualification professionnelle afin de permettre aux enseignants-cadres des AREF de bien s’y préparer”, mais aussi “de poursuivre le dialogue autour de ce dossier dans sa globalité”, précise la même source.
Des engagements “biaisés”
Mais ces engagements du ministère ne satisfont visiblement pas tout le monde chez les enseignants-cadres des AREF. Pour Khadija El Bakkaye, “cette réunion n’a rien apporté de nouveau et les engagements pris par le ministère sont biaisés”. Elle explique notamment qu’en dépit de la promesse de suspendre les mesures administratives et juridiques prises à l’encontre des contractuels, “les AREF sont en train d’étudier la situation de ces enseignants au lieu de leur permettre un retour sans condition”.
Les enseignants dénoncent également l’absence du ministre lors de ces discussions. “Lorsqu’on a demandé au secrétaire général du ministère les raisons de l’absence de Saaïd Amzazi, il nous a répondu qu’il était en mission officielle”, nous informe Abderrazak El Idrissi, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE).
“Pourtant le ministre assistait au Moussem du cheval à Fqih Bensaleh”, assure notre interlocuteur. Si cette absence a été compensée par la présence du secrétaire général, “elle a servi de prétexte à ce dernier pour ne pas aborder la question de l’intégration des contractuels au statut général de la fonction publique”, poursuit Khadija El Bakkaye.
Lors de cette réunion, les différentes parties se sont également accordées sur la tenue d’une autre rencontre le 23 avril, en présence du ministre. Celle-ci sera consacrée à “l’étude de l’ensemble des revendications des enseignants-cadres des AREF, notamment leur intégration aux statuts de la fonction publique”, nous confie l’enseignante.
Un non-retour
Le ministre de l’Education se montre particulièrement réticent sur la question de l’intégration des ex-contractuels. Dans une déclaration accordée à Hespress le 15 avril, Saaïd Amzazi, avait annoncé un non-retour sur le recrutement régional. Le ministre avait notamment déclaré que “l’intégration des enseignants contractuels au statut de la fonction publique n’est pas envisageable”. Il avait précisé que “cette question ne sera pas à l’ordre du jour de la prochaine réunion avec les enseignants”. Pour lui, la prochaine réunion sera consacrée à “l’amélioration des statuts des cadres des AREF”.
Une déclaration peu appréciée au niveau du Conseil national de la CNECC qui, en plus du maintien de la grève, a décidé de “poursuivre le combat jusqu’à ce que l’ensemble des enseignants contraints à contracter soit intégré à la fonction publique”. Le Conseil multiplie ses réunions, depuis le 16 avril afin de trouver “un consensus entre les représentants des différentes coordinations locales et régionales quant aux nouvelles formes de contestations”, conclut Khadija El Bakkaye.