Beaucoup de monde en costume ce mercredi matin au Sofitel de Casablanca. Le slogan de la journée est clair, et est signé SAS, entreprise américaine spécialisée dans le management de données. “Building smarter organizations with analytics and AI” (Construire des entreprises plus intelligentes avec les analyses de données et l’intelligence artificielle). En compagnie de certains hauts cadres de l’entreprise et d’un parterre de 150 clients africains, la firme annonce un investissement d’un milliard de dollars sur 3 ans dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).
“Le monde a produit plus de données sur les deux dernières années que durant tout le reste de l’histoire”, nous apprend Youssef Aqallal, directeur de SAS pour le Maroc et l’Afrique francophone. Il insiste notamment sur l’importance de la data, qui croît de façon exponentielle. L’investissement annoncé ce mercredi est un tournant exceptionnel dans l’histoire de la firme américaine qui investit habituellement 26% de son chiffre d’affaires (qui était de 3.24 milliards de dollars en 2018, NDLR) en recherche et développement (R&D). Avec ce milliard en plus, SAS a donc tout simplement doublé son budget R&D pour opérer un virage fort vers une technologie jugée d’avenir.
Opportunités business
Au-delà de la simple analyse de données qui est rentrée dans les mœurs des grandes entreprises comme atout stratégique, le nouvel enjeu autour de la data est l’aspect prédictif de cette dernière, dont l’exploitation peut permettre aux entreprises de prendre de meilleures décisions business. C’est là qu’intervient l’intelligence artificielle, qui doit aider à faire face à une donnée de plus en plus riche et toujours plus complexe. “Quand on voit ce qui se passe avec l’Internet, et le cloud, il y a quelques années, personne n’y croyait. L’IA est désormais réelle et les cas d’usages s’appliquent au Maroc, à l’Afrique francophone et sous d’autres cieux. L’usage se généralise de jour en jour et crée des opportunités extraordinaires”, explique Youssef Aqallal.
“Le marketing doit comprendre les enjeux de la donnée pour répondre à l’expérience client et l’améliorer”, a expliqué de son côté Patrick Xhonneux, vice-président marketing EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) de SAS, s’exprimant sur les enjeux de l’IA dans les prises de décisions business et l’utilisation des meilleurs moyens de communication.
“Imaginez une personne qui rentre dans une banque et qui se voit refuser sa demande de prêt à la consommation. Il paraît impensable qu’elle reçoive 10 minutes plus tard un mail publicitaire de la banque sur les meilleurs taux disponibles. Si l’on a des informations claires sur la personne, on saurait comment s’adresser à elle et organiser la communication sur tous les canaux”, explique le responsable de SAS. Ces enjeux sont nouveaux pour l’Afrique, mais le marché est un eldorado pour le géant américain qui affiche une croissance globale fortement boostée par le continent.
L’Afrique, terre d’avenir
La firme américaine, présente physiquement au Maroc depuis 2017 a doublé ses équipes en 2 ans ainsi que son nombre de clients (estimé à 50 aujourd’hui, NDLR). Le marché marocain est un des plus porteurs pour SAS qui réalise la moitié de son chiffre d’affaires en Afrique francophone et au Maroc.
Ce rendez-vous devant les clients africains n’est pas le fruit du hasard. SAS annonce une progression du chiffre d’affaires de 10% par an en Afrique, zone considérée comme la plus prometteuse. Le continent contribue en effet à hauteur de 25% à la croissance annuelle du groupe.
SAS a aussi annoncé ce mercredi un plan de formation et de montée en compétence. Au Maroc, la firme table sur 5 partenariats avec des universités en offrant gratuitement des logiciels et des programmes d’intelligence artificielle pour les étudiants. Un investissement pour l’élite continentale de demain sur laquelle SAS mise gros aujourd’hui. La même philosophie est appliquée au niveau des salariés et des partenaires de l’entreprise, pour les sensibiliser aux enjeux business de l’intelligence artificielle et former aux meilleures pratiques sur l’intégration de cette technologie au business des entreprises via la création de laboratoires de recherche. Grâce à ces formations, les grandes entreprises qui avaient l’habitude de sous-traiter les projets technologiques qui n’étaient pas dans leur cœur de métier vont désormais pouvoir s’appuyer sur des entreprises marocaines formées à l’IA.