Un documentaire de Medi1 TV dénonce les répressions à Tindouf et fait la part belle à Laâyoune

Dans un nouveau documentaire diffusé dimanche 14 avril, Medi1 TV s'intéresse au traitement de la population sahraouie de part et d’autre de la frontière algéro-marocaine. Un document qui dénonce les répressions dans les camps de Tindouf. Quitte à donner une trop belle image de la situation marocaine ?

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Le camp de réfugiés de Tindouf. Crédit: AFP

Laâyoune et Tindouf, deux traitements différents des populations sahraouies ? C’est ce regard que la caméra de Medi1 TV a posé dans un long-format, qui pourrait beaucoup faire parler. Diffusé ce dimanche 14 avril et intitulé “De Tindouf à Laâyoune, la route de la dignité”, le documentaire met en lumière les disparités de traitements de la population sahraouie de part et d’autre de la frontière. 

Dans cette enquête (1 h 20), une journaliste espagnole, Patricia Medjidi Juez, montre la violente répression qui sévit dans les camps de Tindouf. Barricadés, insalubres et filmés en caméra cachée, les campements ne ressemblent en rien à des lieux de vies. Pire, les sahraouis qui y résident apparaissent fatigués, souvent sans ressources physiques. Le spectateur découvre des centres médicaux des plus austères, qui font également face à des détournements d’aides humanitaires. La répression y est également montrée. L’un des habitants du camp, Mahfoud, a accepté de confier sa situation à visage découvert. Ce jeune homme, remonté contre les abus auxquels il assiste, avoue même, en pleurs, avoir été violé par des membres du Polisario.

Derrière Tindouf, Laâyoune enfile le beau rôle

De l’autre côté, Laâyoune y est dépeint en ville sujette à de profondes mutations urbanistiques et humaines. Elle y est présentée, par les voix d’associatifs sahraouis, comme un espace de refuge pour les habitants du Sahara. De nombreux projets, comme les centres d’hémodialyses équipés de matériels neufs, ou l’usine de dessalement des eaux, témoignent d’un changement profond de la cité du désert.

De nombreux projets structurants ont vu le jour, ces dernières années, dans la capitale du désert. Piscine olympique, projet de deuxième plus grande bibliothèque du Royaume, terrains de sport, extensions de Phosboucrâa… Laâyoune a fait l’objet d’investissements colossaux. Au point de vouloir en faire un hub économique vers l’Afrique. Il a ainsi été annoncé, en novembre dernier, que des investissements de l’ordre de 49 milliards de dirhams seront portés d’ici l’horizon 2021, au travers d’un Plan de développement régional présenté comme un réservoir d’opportunités. De quoi hisser le taux de croissance de la cité du désert à 8%.

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Dans sa construction, le documentaire joue sur le va-et-vient entre les deux situations. Suffisant pour appuyer le contraste. Au centre, un visage étranger à la situation, en la personne de la journaliste espagnole. Grande reporter, elle est également à la tête de Tribuna Libre, média numérique ibérique qui traite particulièrement de l’actualité andalouse, madrilène et internationale. Pourquoi cette journaliste pour  mener l’enquête ? Porter un regard qui se veut le plus neutre possible au fil de l’investigation, qui plus est sur un sujet aussi épineux et stratégique pour le Maroc. Un choix loin d’être anodin, que la chaîne tangéroise justifie. « Patricia est une journaliste d’expérience en Espagne, un pays qui entretien de nombreux à priori sur la question des violations qui peuvent se produire dans le Sahara, explique Omar Dahbi, directeur central des rédaction de Medi1 TV. Et d’ajouter : Avant le début de l’enquête, nous lui avons demandé : « que connais-tu de ce qu’il se passe au Sahara ? » Elle nous a répondu qu’elle n’en savait pas plus que ce qu’il s’en dit en Espagne. Elle était donc bien placée pour assurer cette mission avec objectivité”. 

Aucun écrit sur le sujet de la part de Patricia Medjidi Juez, ni même d’intérêt particulier portée sur la question par la journaliste, assure le chef des rédaction du groupe privé. Cinq jours dans chacune des deux villes ont été passés, et près de “onze heures de rushs collectées”. Sur Laâyoune, la journaliste y constate une “grande liberté”, notamment pour les femmes. Elle fait également  part de son étonnement sur une ville “aussi moderne et riche en infrastructure” et concède au terme de son enquête, “être surprise” des évolutions positives, loin des préjugés et de l’image qui en sont faits de l’autre côté du détroit. 

Une trop belle carte de visite pour la ville au sud du Maroc ? Car si les images de Tindouf ont le “mérite” de faire froid dans le dos, celles sur Laâyoune montrent une amélioration du cadre de vie des habitants. Mais nous laissent sur notre faim. Qu’en est-il des voix discordantes ? Si l’on apprécie que le parti-pris du documentaire soit d’aller mettre de l’humain au coeur de la narration – faisant la part belle aux associatifs et bénévoles sur le terrain – il apparaît, peut-être, un brin simpliste d’exposer la situation de Laâyoune à l’aune d’images noires sur Tindouf.

Omar Dahbi, lui, se défend de tout parti pris. Le chef des rédactions du groupe privé explique, lors d’une séance d’avant-première aux médias, livrer “l’image juste” et “loin de la propagande” dont peut habituellement faire objet, le territoire. Au spectateur de se forger un avis, dimanche à 21 heures.