Au point mort depuis plusieurs années, le dialogue social connait enfin une issue. Après plusieurs rounds de négociations entre l’Exécutif et les syndicats, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit est parvenu aujourd’hui à un accord avec les centrales syndicales concernant une revalorisation des salaires des fonctionnaires.
500 dirhams pour les fonctionnaires
A l’issue d’une réunion de deux heures au siège du ministère de l’Intérieur à Rabat, la proposition de Laftit, en charge du dossier depuis le 8 décembre dernier, a été avalisée par les syndicats. Il a ainsi été convenu d’une augmentation de 500 dirhams des salaires mensuels des fonctionnaires pour tous les niveaux en dessous de l’échelle 10 échelon 5, et de 400 dirhams pour les fonctionnaires d’échelles et échelons supérieurs. S’ajoute à cela une revalorisation de 100 dirhams des allocations familiales pour les trois premiers enfants.
Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), salue une avancée “significative”. Selon lui, les centrales syndicales ont pu arracher un certain nombre de droits, particulièrement “la généralisation de l’augmentation de salaire dans la fonction publique qui était limitée à l’échelle 10 échelon 5”.
La réunion de ce jeudi a également été marquée par la participation de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Les patrons et les syndicats sont ainsi parvenus à un accord sur une augmentation de 10% du SMIG et du SMAG (Salaire minimum agricole garanti). A noter qu’il s’agissait là de la première rencontre entre les représentants de la CGEM et les secrétaires généraux des quatre centrales syndicales les plus représentatives (CDT, UMT, UNTM et l’UGTM) placée sous l’égide du ministère de l’Intérieur.
Selon une source syndicale, le ministre de l’Intérieur s’est engagé à l’issue de cette réunion à envoyer aux centrales syndicales et à la CGEM la première ébauche de l’accord conclu dans la journée. Ces derniers doivent consigner leurs remarques le plus tôt possible avant de signer l’accord final au plus tard la semaine prochaine.
Des revendications en suspens
“Un syndicaliste n’est jamais satisfait d’une offre gouvernementale, surtout face à l’augmentation du coût de la vie et l’effritement du pouvoir d’achat”, nous déclare néanmoins Miloudi Moukharik. Pour le secrétaire général de l’UMT, “la prochaine bataille se tiendra lors des Assises de la fiscalité”, prévues pour les 3 et 4 mai prochain.
Lors de cet événement, la centrale syndicale revendiquera une “baisse de la pression fiscale qui est importante sur les salaires qui peut atteindre jusqu’à 38%”, et surtout “la défalcation des frais de scolarité sur l’assiette imposable”, nous confie Miloudi Moukharik.
Tout en se disant “partiellement satisfait” des résultats de cette réunion, Abdelkader Zayer, secrétaire général de la Confédération démocratique du travail (CDT), exige la poursuite du dialogue avec l’Exécutif.
En plus de cette revalorisation des salaires, le gouvernement doit, selon lui, “veiller au respect des libertés syndicales, institutionnaliser le dialogue tripartite, et répondre aux attentes des différentes franges professionnelles, notamment les enseignants contractuels”.
Aussi, la CDT a appelé le ministre de l’Intérieur à “adresser des circulaires aux gouverneurs pour les inciter à résoudre les différents conflits sociaux dans leurs régions et essayer de répondre aux revendications des populations pour éviter la montée de la tension sociale”, nous informe le syndicaliste.