Abdelouafi Laftit prend le relais. Le 8 décembre, le ministre de l’Intérieur a tenu sa première réunion avec les représentants de la Confédération démocratique pour la première réunion tenue sous son égide dans le cadre du dialogue. Le ministre a en effet été chargé par le chef du gouvernement de reprendre le dossier du dialogue social, paralysé depuis plusieurs mois. « Le ministre de l’Intérieur nous a dit que Saâd-Eddine El Othmani l’avait chargé de trouver un terrain d’entente avec les centrales syndicales. Il nous a expliqué qu’il était là pour entendre nos propositions et en débattre avec nous dans le but de trouver une solution », nous explique Abdelkader Zayer, secrétaire général adjoint de la CDT.
« Nous lui avons exposé nos revendications ainsi que nos propositions pour y arriver, notamment en ce qui concerne les libertés individuelles, l’augmentation des salaires et des indemnités (ndlr, de perte d’emploi), la dette du 26 avril 2011 (date de signature d’un accord entre le gouvernement, les centrales syndicales et le patronat comprenant plusieurs engagements censés promouvoir la situation des salariés et des fonctionnaires) », poursuit-il.
Lors de la réunion, la CDT a également appelé à une révision de l’impôt sur le revenu, à l’exonération des retraités, à l’abrogation de l’article 288 du Code pénal ( qui punit la « cessation concertée du travail, dans le but de forcer la hausse ou la baisse des salaires ou de porter atteinte au libre exercice de l’industrie ou du travail) et à la ratification de la Convention internationale n °87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, détaille la confédération dans un communiqué.
Après une réunion qui a duré « deux heures environ », Abdelouafi Laftit qui a « bien entendu » les revendications de la CDT leur a promis une nouvelle rencontre pour bientôt, souligne Abdelkader Zayer.
D’autres réunions prévues
Après la CDT, le ministre de l’Intérieur doit rencontrer ce mercredi, les représentants de l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), puis ceux de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) jeudi, entre autres, apprend-on de sources syndicales. « Nous avions déjà exposé nos revendications par le passé au chef de gouvernement, mais il n’y a pas eu de résultat. Nous allons soulever les mêmes problèmes lors de la réunion prévue avec le ministre de l’Intérieur, à savoir l’augmentation des revenus, la liberté syndicale, la protection. Espérons que nous serons entendus cette fois », nous a déclaré de son côté Mayara Enaâm, secrétaire général de l’UGTM.
«Laftit n’était pas enthousiasmé à l’idée de chapeauter le dialogue social et il ne s’est pas proposé», a assuré El Othmani devant la première Chambre du Parlement. Et d’ajouter: «Nous l’avons chargé d’assister à une des réunions relatives au dialogue social». Cependant, le chef du gouvernement a précisé qu’aucun accord ne sera signé sans son aval.
Lundi à la Chambre des représentants, le chef du gouvernement avait indiqué que « son gouvernement tient à faire réussir le dialogue social avec toutes les parties prenantes afin obtenir des résultats raisonnables et logiques ». Il a aussi fait savoir qu’il avait lui-même chargé Laftit de reprendre le dossier bien que ce dernier n’était pas « enthousiasmé par cette initiative« .