Mohammed VI et Abdallah II affichent leur unité sur les dossiers au Moyen-Orient

Dans un communiqué conjoint  publié à l'issue de leur rencontre ce 28 mars, les rois du Maroc et de Jordanie ont pris position sur plusieurs dossiers du Moyen-Orient, quitte à prendre le contre-pied de la diplomatie américaine.

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Le roi Abdallah II de Jordanie a quitté le Maroc le 28 mars à l’issue d’une visite de 24 heures à Casablanca au cours de laquelle il s’est entretenu et a déjeuné avec le roi Mohammed VI, selon l’agence MAP.

A l’issue de cette rencontre, les deux rois ont rendu public un communiqué conjoint dans lequel ils soulignent que « conformément à la légalité internationale, le Golan est une terre syrienne occupée et la décision d’Israël de l’annexer est illégale et nulle, et représente une violation de la légalité internationale, particulièrement les résolutions du Conseil de sécurité. » Les deux chefs d’État réagissent ainsi à la décision américaine du 25 mars de reconnaître la souveraineté d’Israël sur ce territoire syrien.

Donald Trump a en effet « formellement » reconnu le 25 mars la souveraineté d’Israël sur le Golan en présence de Benjamin Netanyahu, mettant ainsi en scène ce coup de pouce majeur au Premier ministre israélien à 15 jours d’élections législatives incertaines dans l’Etat hébreu. Israël a conquis une grande partie du Golan syrien (1.200 km2) lors de la guerre des Six Jours en 1967, avant de l’annexer en 1981. Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale, et la décision de Donald Trump a été vivement critiquée par de nombreux pays, bien au-delà de la Syrie, qui de nouveau dénoncé lundi une « atteinte flagrante » à sa souveraineté.

Évoquant le dossier syrien, les souverains chérifien et hachémite ont mis en avant « l’importance d’un rôle arabe actif et la conjugaison des efforts pour mettre fin à la crise syrienne à travers une solution politique », alors que se tient jusqu’au 31 mars à Tunis un sommet de la Ligue arabe.

Les deux rois estiment également que cette solution doit être « acceptée par les Syriens » tout en réunissant « les conditions susceptibles de favoriser le retour des réfugiés syriens dans leur patrie pour contribuer à sa reconstruction ».  Dans cette communication conjointe, le Maroc salue également le rôle joué par la Jordanie dans l’accueil d’ « un grand nombre de réfugiés syriens sur son territoire ».

Mohammed VI et Abdallah II saluent également la « victoire » enregistrée par l’Irak sur Daech tout en affichant leur soutien « à l’opération de reconstruction et de consolidation de la stabilité » du pays. Cette déclaration intervient quelques jours après l’annonce officielle de la fin de l’emprise territoriale de Daech en Syrie.

Les deux monarques ont également « réitéré leur soutien total au peuple palestinien pour le recouvrement de tous ses droits légitimes et l’établissement de son Etat palestinien indépendant, dans les frontières du 4 juin 1967, avec Al Qods-Est comme capitale, sur la base des résolutions internationales pertinentes, l’Initiative de paix arabe et le principe de la solution de deux Etats. »

Ils ont surtout réaffirmé « leur rejet de toutes les mesures unilatérales prises par Israël, en tant que force d’occupation, pour changer le statut quo juridique et historique et la situation démographique, ainsi que le cachet spirituel et historique d’Al Qods-Est, notamment en ce qui concerne les lieux sacrés islamiques et chrétiens dans la ville sainte ».

Mohammed VI a souligné « l’importance de la tutelle hachémite historique, assurée par Sa Majesté le Roi Abdallah II, sur les lieux saints islamiques et chrétiens à Al Qods Acharif et son rôle principal dans la protection de ces lieux sacrés et leur identité arabo-islamique et chrétienne, et plus particulièrement la Mosquée Al Aqsa/Al Haram al Sharif, ainsi que le rôle de l’administration jordanienne des Waqf et de la Mosquée Al Aqsa, en tant qu’unique autorité juridique sur Al Haram, qui assure sa gestion, son entretien et sa préservation, et organise l’accès à la Mosquée », poursuit le communiqué.

Depuis plusieurs semaines, les relations entre Israel et la Jordanie se sont détériorées autour de la question de l’accès à l’esplanade des Mosquées, dont le waqf jordanien à la gestion.