Première répercussion économique de la crise politique algérienne, l’américain Exxon Mobil a décidé de geler ses discussions avec la compagnie nationale d’hydrocarbures Sonatrach au moins “temporairement”, rapporte l’agence de presse Reuters. Les Américains auraient été refroidis par les vagues de manifestations qui déferlent actuellement dans le pays. Après le rachat par la Sonatrach de la raffinerie d’Augusta, détenue par ESSO Italiana (filiale d’Exxon Mobil), les deux opérateurs avaient entamé des discussions pour l’exploitation d’un champ de gaz naturel dans le bassin d’Ahnet, dans le sud algérien.
Alors que des négociations avaient lieu encore la semaine dernière, les Américains ont préféré mettre leurs projets avec Sonatrach de côté. Selon Reuters, Exxon Mobil craindrait notamment qu’Abdelmoumen Ould Kaddour, l’actuel PDG de la compagnie algérienne d’hydrocarbures, ne soit amené à quitter son poste si les manifestants avaient finalement raison du régime. En mars 2017, le président avait nommé l’ingénieur diplômé du MIT pour redresser une Sonatrach engluée dans des affaires de fraudes. “À la minute où Bouteflika quittera le pouvoir, Ould Kaddour sautera”, a déclaré à l’agence de presse une source bien informée.
Emprisonné 15 jours
Depuis son retour aux affaire, Ould Kaddour avait réussi à convaincre de grandes compagnies pétrolières à faire leur retour en Algérie, d’où elles avaient fui ces dernières années à cause des lourdeurs de la bureaucratie notamment. Le sort du PDG de la Sonatrach semble donc lié à celui du président Abdelaziz Bouteflika, qui l’avait sorti de prison 2007 alors qu’Ould Kaddour purgeait une peine de 30 mois de prison ferme dans la prison militaire de Blida. Inculpé pour “divulgation d’un document classé secret-défense”, l’ingénieur, alors président de la holding BRC, était resté derrière les barreaux une quinzaine de jours seulement.
Le 24 février dernier, la direction de la Sonatrach avait fait circuler parmi ses employés un communiqué les exhortant à ne pas se joindre aux manifestations anti-gouvernementales, sous peine d’être sanctionné. “Tout rassemblement, de quelque nature que ce soit, ou arrêt “collectif et concerté” du travail, même de courte durée, en infraction des dispositions conventionnelles, réglementaires et légales constitue une faute professionnelle”, avertissait la circulaire.