Après plus de cinq ans en prison, le photojournaliste Mahmoud Abu Zeid dit « Shawkan », détenu depuis 2013 pour avoir couvert la répression sanglante d’une manifestation d’islamistes au Caire, a été remis en liberté lundi 4 mars, nous confirme son avocat, Karim Abdelrady. Déjà, de nombreuses photos de Shawkan, souriant ou embrassant ses proches chez lui, à Giza, circulent sur les réseaux sociaux. Le hashtag #Shawkan_Is_Free a finalement remplacé #FreeShawkan.
After 5 years in prison on charges of being a journalist , welcome back, Mahmoud Abou Zied
Freedom of all detained journalists#shawkan_is_free #journalism_is_not_a_crime pic.twitter.com/369yaPEQRg
— Ibrahim Khader (@ibrahimkhader90) March 4, 2019
Shawkan devra néanmoins observer un contrôle judiciaire strict pendant cinq ans, nous affirme son avocat. Il devra se présenter tous les jours au poste de police au coucher du soleil. Il sera également interdit au journaliste de gérer ses actifs financiers et ses biens pour la même durée. Shawkan fera appel du jugement devant la cour de cassation égyptienne, selon son avocat. « Le jugement sera, je pense, plus équitable cette fois-ci, puisqu’il ne se base pas sur des raisons judiciaires fortes » a affirmé la défense du journaliste.
« Nous sommes soulagés d’apprendre que Shawkan est enfin libre après cinq ans d’emprisonnement et nous appelons les autorités à mettre un terme au traitement honteux qu’elles ont réservé à ce photojournaliste en supprimant toute condition relative à sa libération », a déclaré le coordinateur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du Comité de protection des journalistes (CPJ), Sherif Mansour. « Le gouvernement égyptien devrait prendre des mesures immédiates pour améliorer son image, qui a été gravement ternie par cet emprisonnement injuste, et il peut commencer par libérer tous les journalistes emprisonnés pour leur travail. »
@ShawkanZeid 's parents have aged so much in these years… it feels like 20 for them, they have gone through every day of his sentence like if they were in jail too. #Shawkan_Is_Free share their happiness
(I can't credit the photo, credit it in the comments if u know the author) pic.twitter.com/a4DNP2P5RM— Nuria Tesón (@masteson) March 4, 2019
Shawkan est emprisonné depuis le 14 août 2013, alors qu’il couvrait des affrontements entre les forces de sécurité égyptiennes et les partisans du président déchu Mohamed Morsi pour le compte de l’agence de photo Demotix, basée au Royaume-Uni. Ses deux collègues journalistes, l’Américain Michael Giglio et le Français Louis Jammes, avaient, eux, été immédiatement relâchés. La violente répression avait fait plus de 2 000 morts et 4 000 blessés, selon Human Rights Watch.
L’arbre qui cache la forêt
Alors que la législation égyptienne prévoit une période maximale légale de détention provisoire de deux ans, Shawkan a dû attendre 2016 pour être jugé dans un procès collectif, aux côtés de 738 autres accusés, dont beaucoup de membres des Frères musulmans. Le photojournaliste était accusé d’une dizaine de charges, dont « meurtre, tentative de meurtre et appartenance à un groupe terroriste ». Le parquet égyptien avait demandé la peine de mort par pendaison pour Shawkan, « sans aucune preuve », selon son avocat.
Lors du dernier recensement du CPJ, Shawkan était l’un des 25 journalistes emprisonnés pour leur travail en Égypte.