Le nouveau port de Safi n’est toujours pas prêt. La première des trois phases prévues pour le projet avait été lancée en avril 2013 par le roi, pour être livrée en septembre 2017. Vendredi, le ministre de l’Équipement, Abdelkader Amara a assuré depuis le chantier que le taux d’avancement des travaux de cette première phase a atteint 98%. Selon lui, les travaux de la digue principale et ceux du quai ont été achevés. La digue secondaire et le quai charbonnier devraient, selon lui, être livrés début avril.
« Il est prévu que le nouveau port de Safi, dont le coût d’investissement s’élève à 4,423 milliards de dirhams, sera opérationnel avant fin avril prochain après l’achèvement des travaux des quais et sera en mesure d’accueillir les grands bateaux, alors que la connectivité du port à la centrale thermique (Safiec) nécessitera des travaux de quelques mois, soit avant la fin de l’année courante », a-t-il déclaré à la MAP.
Des travaux longtemps à l’arrêt
Le quai charbonnier est justement l’un des axes stratégiques du projet. Il doit permettre dans un premier temps à la nouvelle centrale thermique de s’approvisionner en charbon à raison de 3,5 millions de tonnes par an pour atteindre une puissance de production de 1.320 mégawatts (MW). La seconde phase du projet permettra d’augmenter l’importation de charbon à 7 millions de tonnes par an, pour une puissance totale de 2.640 MW. L’objectif est aussi d’« accompagner le développement des industries chimiques » du groupe OCP en assurant un trafic annuel de 14,17 millions de tonnes à l’horizon 2025.
Enfin, la troisième phase du projet prévoit des quais supplémentaires pour assurer un trafic global annuel import/export de l’OCP de 21,95 millions de tonnes à l’horizon 2040. Un projet ambitieux qui a pourtant connu plusieurs couacs au cours de sa réalisation.
Il y a un an, en février 2018, les travaux du quai charbonnier étaient complètement à l’arrêt. En cause, d’importantes fissures dans les fondations sous-marines du quai. « C’est un scandale. Du jamais vu dans l’histoire portuaire du pays », nous confiait alors une source proche du dossier. Un scandale que toutes les parties prenantes au projet essayaient de faire taire à savoir : le ministère de l’Equipement et le duo maroco-turc, SGTM et STFA, en charge de la construction du port.
Pour définir les responsabilités, le ministère de l’Equipement avait commandité une expertise technique. « L’expertise préliminaire a démontré que la qualité des matériaux et la mise en œuvre ne sont pas en cause », ajoutait alors notre source. Toute la conception du quai était donc en train d’être revue, en s’appuyant cette fois-ci sur des calculs tridimensionnels.
Pour réduire les délais de livraison du projet, le ministère avait également lancé, selon nos informations, des études de renforcement tout en entamant les travaux de récupération des blocs. Aujourd’hui, Abdelkader Amara affirme que « le retard enregistré dans la réalisation de ce projet est lié au quai charbonnier et peut survenir dans n’importe quel autre port ».
Le 31 mars 2018, lors d’une précédente visite sur site, le ministre déclarait que les travaux de la première phase seraient achevés avant la fin de l’année 2018. Cinq jours plus tard, 4 ouvriers trouvaient la mort sur le chantier, emportés par une forte houle.