Israël s’apprête à détruire le « dernier tunnel du Hezbollah »

L’opération israélienne « Bouclier du Nord » à la frontière avec le Liban prend fin, mais les tensions persistent.

Par

Des machines israéliennes fouillent le sol le long de la frontière avec le Liban. Crédit: Photo by Ali DIA / AFP

Profond 55 mètres et occupant quelques dizaines de mètres en territoire israélien, le sixième et dernier tunnel attribué au mouvement chiite anti-israélien Hezbollah a été repéré par l’armée israélienne à la frontière entre les deux pays, a annoncé le porte-parole de l’armée Jonathan Conricus le 13 janvier. S’étendant sur environ 800 mètres depuis le Sud libanais, il s’agit du tunnel le plus profond, ce qui a contribué à rendre la découverte israélienne encore plus théâtrale.

La chasse aux tunnels fait partie d’une opération lancée par Israël le 4 décembre 2018 et appelée « Bouclier du Nord », visant à détruire ce que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié d’« acte de guerre » et qui, pour Israël, aurait servi au Hezbollah à enlever ou assassiner des soldats ou des civils israéliens et à s’emparer d’une partie du territoire israélien en cas d’hostilité.

Cependant, jusqu’ici, les tunnels n’avaient jamais été ouverts en territoire israélien. En effet, depuis la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, la zone frontalière était relativement calme grâce à la présence du contingent ONU de la Finul le long de la Ligne bleue séparant les deux pays. Parmi les précédents tunnels découverts, certains ont été fermés avec du ciment alors que d’autres ont été dynamités. On ne sait quel sort sera réservé au dernier tunnel, dont la destruction est prévue dans les prochains jours.

Si Israël a admis être au courant de l’existence de ces tunnels depuis 2014, l’annonce de son opération en décembre dernier a pourtant déconcerté les forces de la Finul qui ont interpellé les autorités libanaises pour ouvrir une enquête pour découvrir les auteurs et les véritables raisons derrière leur construction. Mission compliquée, vu l’alliance entre le mouvement chiite et le Président de la République Michel Aoun, après la montée en force du Hezbolalh au Parlement libanais après les dernières élections de mai 2018.

D’après Yossi Mekelberg, expert des politiques israéliennes au sein de la Chatham House et professeur de relations internationales à la Regent’s University de Londres, il s’agit là d’une défaite à la fois des forces internationales de la Finul, mais également de l’armée israélienne. « Tout s’est passé sous leurs nez. Les services de renseignement ont failli des deux cotés : on parle de 6 énormes tunnels » déclare-t-il à TelQuel. Si certains estiment qu’Israël, déjà au courant de la construction des tunnels par le Hezbollah, a volontairement attendu jusqu’à la fin des travaux pour que le parti chiite dépense en argent et en énergie, le professeur qualifie ces théories de « spéculation ». « Du point de vue d’Israël, il s’agit d’une victoire diplomatique qui permet d’exposer au monde entier les intentions du Hezbollah. Mais en réalité, cela a aussi montré sa vulnérabilité, » poursuit-il.

Pour autant, l’opération israélienne semble maintenant achevée après que le porte-parole de l’armée israélienne a déclaré le 13 janvier : « Nous avons atteint l’objectif que nous nous étions fixé au début ». Mais la tension qui avait atteint son pic pendant ces dernières semaines, lorsqu’Israël avait installé 200 mètres de barbelés au nord de la Ligne bleue, reste palpable alors que l’État hébreu déclare continuer à surveiller les activités souterraines de son ennemi. Netanyahu a également à plusieurs reprises défini ce dernier « d’instrument » de l’Iran et l’armée israélienne vient par ailleurs de mener vendredi un raid aérien contre des cibles iraniennes en Syrie. S’il accuse également l’État libanais d’avoir permis la construction des tunnels et ainsi violé la résolution 1701 de l’ONU ayant mis fin à la guerre de 2006, le pays du cèdre s’est déjà défendu en invitant Israël à respecter de même la souveraineté terrestre, aérienne et maritime du Liban et en lançant un appel pour que la paix règne à la frontière.

Par Irene Fodaro