Ali Bongo a quitté Rabat pour Libreville

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba, absent de son pays depuis deux mois et demi suite à un accident vasculaire cérébral (AVC), a quitté lundi Rabat où il était en convalescence pour le Gabon, en proie à des troubles politiques en son absence.

Par

AFP

Les médecins ont estimé que ce voyage ne présentait aucun danger pour sa santé », a indiqué à l’AFP son entourage lundi soir. Il était attendu à Libreville aux environs de minuit heure locale (23h00 GMT).

Le 15 janvier M. Bongo doit assiste à la prestation de serment du nouveau gouvernement annoncé samedi soir, dans ce qui devrait être sa première apparition publique depuis le 24 octobre.

« C’est la preuve que nos institutions fonctionnent », s’est réjoui un internaute gabonais sur Twitter.

Car depuis l’hospitalisation d’Ali Bongo à Ryad (Arabie Saoudite), les rumeurs n’ont cessé de courir sur son état de santé, certains n’hésitant pas à le donner mort.

En cause selon des opposants gabonais: la communication officielle mutique à propos de l’état de santé d’Ali Bongo, 59 ans et au pouvoir depuis 2009.

De fait, il a fallu plusieurs semaines avant que les autorités ne reconnaissent que M. Bongo avait fait un AVC, et plusieurs mois avant que des images de ce dernier ne soient diffusées.

Sa seule apparition, télévisée et enregistrée depuis le Maroc où il fut transféré début décembre pour y poursuivre sa convalescence à l’invitation de son ami d’enfance le roi Mohammed VI, fut lors des traditionnels voeux de la Saint Sylvestre.

Mais à l’écran, Bongo est apparu changé, avec un strabisme; ses détracteurs n’en furent que plus inquiets.

A l’inquiétude se sont ajoutés des troubles politiques quasi-inédits dans ce petit pays d’Afrique centrale d’1,8 millions d’habitants: le 7 janvier, pour la deuxième fois de l’histoire du pays, une tentative de coup d’Etat a échoué à Libreville.

Cinq militaires ont appelé sur la radio d’Etat au soulèvement populaire pour « sauver la démocratie, préserver l’intégrité du territoire national et la cohésion nationale ».

Ceux-là estimaient que la prise de parole d’Ali Bongo le 31 décembre était une « honte » pour un « pays (qui) a perdu sa dignité ». Deux d’entre eux ont été abattus par les forces de sécurité, les autres ont été arrêtés.

Aussi, profitant du vide, l’opposition a plusieurs fois appelé la Cour constitutionnelle à constater une vacance du pouvoir.

Il n’en a rien été. La présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo, a préféré annoncer l’ajout d’un alinéa de « précision » à la Loi fondamentale.

L’opposition a estimé que c’était une « modification » de la Constitution qui aurait dû, de fait, être approuvée par un vote au Parlement.

Contactés par l’AFP lundi soir, plusieurs chefs de partis d’opposition n’ont pas souhaité réagir au retour d’Ali Bongo.

« J’espère que son arrivée est définitive. Et que la période de convalescence est terminée », a réagi à l’AFP lundi soir Marc Ona Essangui, l’un des leaders de la société civile gabonaise.

Ni l’entourage du président, ni l’ambassade du Gabon au Maroc, n’ont indiqué si le retour de M. Bongo était définitif.

La prestation de serment mardi du nouveau gouvernement intervient quatre jours après la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale, après huit mois sans députés.

A Libreville, où un seul Conseil des ministres s’est tenu et où aucune loi n’a été promulguée depuis fin octobre, la période de flottement des institutions devrait prendre fin mardi matin.

Malgré ce flou, la sphère Bongo n’a jamais perdu son emprise sur l’appareil d’Etat. Vendredi et samedi, les nominations du cabinet de la présidence, la mise en place de l’Assemblée ainsi que les nominations ministérielles l’ont confirmé.

La fille aînée du président, Malika, a été élue au bureau de l’Assemblée, et tous les proches d’Ali à la tête des ministères régaliens ont été confirmés. Deux caciques du système Bongo ont de même pris la tête de l’Assemblée et du gouvernement.

Le Gabon, pays pétrolier, est dirigé depuis 1967 par la famille Bongo: à Omar, président jusqu’à sa mort en 2009, a succédé Ali, réélu en 2016 lors d’un scrutin controversé émaillé par la violence.