Un Observatoire africain des migrations à Rabat "pour l'UA et piloté par le Maroc"

L'accord pour l'installation à Rabat de l'Observatoire africain des migrations de l'Union africaine a été signé le 11 décembre à Marrakech entre Nasser Bourita et le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki. L'institution doit permettre au continent de mieux appréhender le phénomène migratoire, en récoltant des données qui serviront à faciliter la coordination entre États africains.

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Yassine Toumi/TelQuel

Rabat accueillera le siège de l’Observatoire africain des migrations chargé de faciliter et coordonner les questions migratoires entre les différents pays du continent. Le Maroc a signé un accord, lundi 10 décembre, avec l’Union africaine prévoyant l’installation prochaine de cette institution dans la capitale du Royaume. Une première depuis le retour du Maroc dans les rangs de l’Union africaine (UA), en janvier 2017.

Le roi Mohammed VI, désigné leader par les chefs d’Etat africains sur la question migratoire, avait proposé la création de cet observatoire en janvier 2018 lors du 30e sommet ordinaire de l’UA. Le Conseil paix et sécurité de l’organisation panafricaine avait validé la proposition en mai.

«L’idée de l’observatoire est importante pour agir contre les fake news (sic), car la meilleure façon d’appréhender la migration, c’est avant tout de la connaître», a déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

Pour une meilleure analyse des flux africains

«Comprendre, anticiper et agir », tel est le triptyque voulu par l’installation de cet Observatoire à Rabat. L’accord a été paraphé, lundi après-midi, par le ministre des Affaires étrangères et le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, qui prennent tous deux part à l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (10 au 11 décembre) à Marrakech.

«Il est temps que les Africains gèrent par eux-mêmes cette question (migratoire)», a déclaré Moussa Faki, confirmant la forte adhésion de l’Afrique au Pacte mondial sur les migrations, qui comprend « des dispositions importantes pour protéger les migrants».

Cet observatoire servira d’outil pour comprendre les flux migratoires à l’intérieur du continent. Il sera notamment chargé de collecter les informations et de développer les échanges afin de faciliter la coordination, entre les pays africains, sur la question migratoire.

80% de la migration est intra-africaine

«La migration africaine concerne 14% sur les 250 millions de migrants à travers la planète, a rappelé Nasser Bourita. Avant de préciser que sur les 36 millions de migrants africains, 80% restent en Afrique. Seulement un million d’entre eux sont concernés par le phénomène de migration illégale. Nous avons besoin d’un instrument pour mieux connaître cela».

Parmi les enjeux évoqués par le chef de la diplomatie chérifienne, on retrouve la volonté de mieux appréhender les tendances lourdes de la migration. «Pour quelles raisons un migrant souhaite-t-il quitter son pays? Quels sont les itinéraires des réseaux mafieux? L’Observatoire constituera un élément clé pour mieux connaître le phénomène migratoire», détaille Nasser Bourita.

Le multilatéralisme comme mantra africain

«Tous les Etats africains sont appelés à créer les conditions pour l’épanouissement de leur jeunesse à l’intérieur de l’Afrique», a ajouté Moussa Faki. «L’Afrique est l’objet d’études alors qu’elle ne produit rien, ce continent doit élaborer sa propre histoire sur la migration, développer ses propres statistiques et être en mesure de développer ses arguments», martèle Moussa Faki.

Cet observatoire «pour l’Union africaine et piloté par le Maroc» – comme l’a décrit Nasser Bourita – vient conforter la position que souhaite adopter le Royaume. S’il a également insisté sur la «solidarité» comme «pilier important de la politique migratoire marocaine», Bourita a rappelé l’attachement du Royaume à une ligne multilatérale. «Le Maroc a soutenu dès le départ le document de Marrakech, rappelle-t-il. Avant de conclure : Le Maroc est convaincu que seule une approche multilatérale pourra régler cette question. Cette approche doit être suffisamment mixte pour permettre aux Etats de s’inspirer sans aucune contrainte».