Un vent de changement souffle sur le Festival international du film de Marrakech qui se tient du 30 novembre au 8 décembre. Le FIFM revient cette année, après l’annulation de l’édition de 2017, avec un nouvel esprit, une nouvelle équipe et de nouvelles formules.
L’agence française Le Public Système Cinéma et son directeur général Bruno Barde cèdent la direction artistique de l’évènement à l’Allemand Christoph Terhechte, responsable de la section «Forum» de la Berlinale depuis 2001.
Il est épaulé par Rasha Salti, curatrice libano-syro-palestinienne qui dirige «La Lucarne», l’espace dédié au documentaire de création sur la chaîne franco-allemande Arte. Le nouveau staff du FIFM comprend aussi Rémi Bonhomme, coordinateur général de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes. La coordination générale du festival a quant à elle été confiée à Ali Hajji, administrateur directeur-général d’A3 Groupe et anciennement chargé de la programmation au sein de la société de production et de distribution MK2.
De l’expérimental, du national et des conversations alléchantes
Côté programmation, la sélection officielle — pensée comme une plateforme de relais pour les jeunes réalisateurs — sera coordonnée par un jury éclectique présidé par le cinéaste américain James Gray. L’équipe du FIFM a pensé à de nouvelles sections, dans le but de renforcer la pluralité du festival.
Il y a d’abord la section «11e continent», conçue comme un laboratoire de la création cinématographique expérimentale. Avec des cinéastes reconnus comme le Sud-Coréen Lee Chang-Dong, et d’autres moins renommés (mais prometteurs) comme le Thaïlandais Phuttiphong Aroonpheng ou la Sud-Africaine Sara Gouveia. Une section à voir en intégralité au musée Yves Saint-Laurent, pour se faire une idée (sur une partie) des forces créatives cinématographiques de demain.
Exit, la traditionnelle polémique sur l’absence des films marocains de la compétition du FIFM. La section «Panorama du cinéma marocain» propose au public de voir les derniers films réalisés au Maroc. Au menu, des longs métrages comme Volubilis de Faouzi Bensaidi, Sofia de Meryem Ben’Mbarek, Jahilya de Hicham Lasri ou Apatrides de Narjis Nejjar. Les projetections auront lieu à la Salle des ambassadeurs du Palais des congrès de Marrakech.
La section «Conversation with …» permettra aux passionnés du septième art de de s’édifier à l’écoute de grands du nom du cinéma. Martin Scorsese, Robert de Niro, Christian Munjiu, Agnès Varda, Yousry Nasrallah, Guillermo Del Toro ou encore Thierry Frémaux, directeur général du Festival de Cannes, interviendront tous dans le cadre de ces conférences qui se tiendront, elles aussi, dans la Salle des ambassadeurs du Palais des congrès.
Les amateurs des films d’animation seront servis avec la section «Jeune public». Cinq films animés sont programmés au cinéma Colisée, dont Wardi (Le tour) du norvégien Mats Grorud, mais aussi Iqbal de l’illustrateur italien Michel Fuzellier et du réalisateur iranien Babak Payami.
Les projections à ne pas rater
Au total, près de 60 films seront projetés hors compétition dans le cadre du Festival de Marrakech. Voici une sélection de films à ne pas rater.
At Eterniny Gate, Julian Schnabel, 2018 (30 novembre 18 h 30, salle des Ministres, Palais des congrès – 1er décembre 18 h 30, Cinéma Le Colisée).
Après avoir consacré des biopics à Jean-Michel Basquiat (Basquiat, 1996), au poète cubain Reinaldo Arena (Before night falls, 2000) et au journaliste Jean-Dominque Bauby (Le Scaphandre et le Papillon, 2007), Julian Shchnabel s’attaque à Van Gogh. Dans At Eternity Gate, le cinéaste américain évoque, sans obéir aux règles du biopic, le séjour du tortueux artiste néerlandais à Arles et Auvres-sur-Oise en France.
Burning, Lee Chang-Dong, 2018 (1er décembre 19 h 30, Musée Yves Saint-Laurent – 2 décembre 11 h, Cinéma le Colisée).
Lee Chang-Dong a attendu huit longues années avant de réaliser un nouveau long métrage. Cette fois-ci, le cinéaste coréen a choisi de mettre en scène l’histoire intrigante d’un trio à Séoul. Coursier dans la capitale sud-coréenne, Jong-Su revoit Haemi une ancienne voisine de son village natal, il est séduit. La jeune fille part en Afrique et à son retour, elle présente à son amant Jong-Su, un mystérieux jeune homme appelé Ben…
The Untouchables, Brian de Palma, 1987 (2 décembre 18 h 30, Place Jemaa El Fna)
Un film culte à voir dans un espace tout aussi culte (place Jamâa Lefna). Dans The Untouchables, Brian de Palma reconstitue librement la traque, dans les années 30 et en pleine prohibition, d’Al Capone. Une mission difficile confiée alors à l’agent du FBI Eliot Ness.
Cléo de 5 à 7, Agnès Varda, 1961 (3 décembre 14 h, Cinéma le Colisée)
Le 21 juin 1961, Cléo, chanteuse parisienne, angoisse à l’idée d’avoir un cancer alors qu’elle attend les résultats de son examen médical. Voulant contenir son stress, elle cherche d’abord du réconfort auprès de son entourage, elle est déçue… Elle rencontre alors Antoine, un soldat, dans les rues de Paris.
Roma, Alfonso Cuarón, 2018 (3 décembre 18 h, Salle des Ministres – 7 décembre 22 h, Cinéma le Colisée).
Avec Guillermo del Toro (membre du jury du FIFM 2018) et Alejandro González Inarritu, Alfonso Cuarón compose un trio de réalisateurs mexicain à grand succès et multiprimé. Après avoir signé Y Tu Mamá También (2001), Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban (2004) ou encore Gravity (2013), Cuarón revient das Roma sur son enfance à Mexico dans les années 70.
Rafiki, Wanuri Kahiu, 2018 (5 décembre 21 h 30, Salle des Ambassadeurs – 6 décembre, 14 h, Cinéma le Colisée)
Projeté et ovationné lors du dernier Festival de Cannes, mais interdit «pour promotion de lesbianisme», puis autorisé pendant 7 jours au Kenya, Rafiki ne laisse personne indifférent. Le film met en scène l’histoire d’amour de Kena et Zizi, deux lycéennes kenyanes sur fond d’une campagne électorale qui oppose leurs pères respectifs.
Pájaros de verano, Ciro Guerra et Cristina Gallego, 2018 (6 décembre 17 h, Salle des Ministres – 7 décembre 21 h, Salle des Ambassadeurs)
Le film retrace l’histoire d’une famille issue du peuple amérindien Wayuu, vivant entre la Colombie et le Venezuela, qui se retrouve au cœur d’un réseau de trafic du cannabis vers les États-Unis dans les années 60 70.
Blade Runner 2049, Denis Villeneuve, 2017 (7 décembre 9 h 30, Salle des Ambassadeurs)
Trois décennies après Ridley Scott, le cinéaste canadien Denis Villeneuve signe le deuxième opus du thriller Blade Runner. Saisissant et à contre-courant des blockbusters américains, le film nous plante dans le Los Angeles de l’an 2049, le blade runner humanoïde K (campé par Ryan Gosling) traque des humanoïdes frondeurs pour sauver l’humanité. Sa quête le mènera à une découverte qui fera de lui une cible à éliminer…
Vent divin, Merzak Allouache, 2018 (7 décembre, 22 h, Salle des Ministres – 8 décembre, 21 h, Salle des Ambassadeurs)
Merzak Allouache fait aujourd’hui partie des vétérans du cinéma algérien. Son film Vent divin raconte l’histoire de Nour et Amine, deux inconnus réunis à Timimoun (sud de l’Algérie) pour une mission bien précise. Ils ont été chargés d’organiser une attaque armée contre une raffinerie.