Le 15 novembre, Mohammed VI et Emmanuel Macron ont officiellement inauguré le premier train à grande vitesse (TGV) du Maroc et d’Afrique, financé à hauteur de 50% par la France. A partir de fin novembre, la nouvelle ligne doit permettre de relier Casablanca et Tanger en 2h10 au lieu de 4h45 à l’heure actuelle. Selon les chiffres officiels, 70 milliards de dirhams ont au total été investis ces dernières années pour moderniser le réseau ferroviaire marocain, dont 23 milliards pour la LGV. Qu’en est-il des deux autres tiers ? Selon le DG de l’Office national des chemins de fer (ONCF), Mohamed Rabie Khlie, « si 23 milliards de dirhams ont été alloués à la LGV, c’est une enveloppe de 26 milliards de dirhams qui a été réservée à l’amélioration de la ligne conventionnelle ».
La nouvelle gare ferroviaire de Rabat-Agdal, inaugurée samedi par Mohammed VI, s’inscrit dans ce sens. Ayant couté à elle seule 800 millions de dirhams, elle est censée accompagner la mise en service du TGV et améliorant le confort des usagers. Le projet comprend un nouveau bâtiment de 23.000 mètres carrés et des aménagements extérieurs 70.000 mètres carrés dont 12.000 m² réservée à l’esplanade.
Elle compte six quais de 400 mètres linéaires, dix voies, un parking de 34.000 m2 d’une capacité de 800 places, un food-court et plusieurs autres commerces.
Rabat-Agadal n’est pas la seule gare à avoir eu droit à un lifting. Il y a aussi la nouvelle gare de Tanger, qui a nécessité un investissement de 360 millions de dirhams, de Kénitra (400 millions de dirhams), de Benguerir (36 millions de drihams), de Oujda (170 millions de drihams) et de Casa-Voyageurs (450 millions de drihams), qui constitue le dernier arrêt de la LGV.
Dans le sillage du TGV, l’ONCF a également annoncé l’achèvement du triplement de l’axe Casablanca-Kénitra (130 km), la rénovation du tunnel reliant Salé à Rabat et la « désaturation du carrefour de Casablanca par lequel transite 90% du trafic voyageurs et marchandises ». Le doublement complet de la ligne Casablanca-Marrakech, longue de 170 kilomètres, permettra lui le « gain d’une heure environ et l’augmentation de la cadence des trains dans un objectif d’une cadence horaire par sens à terme », précise l’office.
En outre, l’ONCF entend renouveler son « concept de voyage » sur Casa/Marrakech et Marrakech/Casa/Fes. S’appuyant sur le principe d’Al Boraq, les prix des billets de trains classique évolueront aussi en fonction de la fréquentation. Autre nouveauté : les voyageurs en seconde classe auront également leurs place attitrées, comme en première.
Enfin, l’ONCF a mis en service le 18 novembre les gares d’Oujda et Benguerir. Ce sera au tour de Tanger lundi, Rabat Agdal mercredi, Casa Voyageurs jeudi, et Kenitra samedi.
Objectif: 6 millions de passagers LGV
Avec le TGV, l’ONCF table sur six millions de passagers après trois ans d’exploitation, au lieu de trois millions actuellement. Pour faire sa promotion, l’office a annoncé que les voyages seront gratuits pendant les trois premiers jours (26, 27 et 28 novembre) de sa mise en service, prévue à la fin du mois. Le tarif minimum qu’il faudra payer pour effectuer ensuite le trajet Casablanca-Tanger en TGV en seconde classe a été fixé à 149 dirhams, mais le prix du billet variera en fonction de la classe de réservation, de la fréquentation, et de la date d’achat, et pourra atteindre 224 dirhams en seconde classe. Les premiers billets seront disponibles à la vente à partir du vendredi 23 novembre.
Les trajets Tanger-Rabat et Tanger-Kénitra à bord d’Al Bouraq devraient respectivement coûter au minimum 115 dirhams et 93 dirhams. Selon le patron de l’ONCF, il sera également possible d’effectuer le trajet Tanger-Fès en 3h20 au lieu de 5h05 actuellement, en effectuant un changement à Kénitra.
L’inauguration de la LGV intervient un mois seulement après le déraillement mortel d’un train au niveau de Bouknadel, faisant 7 morts et 125 blessés. Avant ça, le projet lancé en 2007 a été à plusieurs reprises sujet de débats, notamment auprès de la société civile et des partis politiques.
Plus récemment, les voyageurs se sont massivement exprimés sur les retards des trains au quotidien, causés en partie par ces chantiers. « Nous avons causé des désagréments aux voyageurs avec ces travaux engagés depuis 2010. Il faut digérer, se soucier des passagers et veiller sur l’exploitation. On a fait une exposition itinérante dans les gares pour expliquer les projets, mais je comprends que pour les gens qui font la navette à 6h et 20h, les retards soient épuisants », a reconnu Mohamed Rabie Khlie, interrogé par TelQuel.
« En 2015, nous étions dans le pic des travaux et ça a eu pour conséquences une dégradation de la ponctualité, de la satisfaction voyageur, et une baisse du trafic de voyageurs. Nous avons perdu un million et demi de passagers, 7,5 points sur la régularité, et 10 points de satisfaction », énumère le DG de l’ONCF. La fin du tunnel avec la livraison de la LGV ?