L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a publié le 1er novembre son rapport annuel sur la situation des droits de l’homme au Maroc pour l’année 2017. Dans ce document, l’association estime que le contexte marocain en la matière est caractérisé par une “une régression patente”. En cause notamment : l’État qui aurait « remis en question des acquis du mouvement des droits humains, du mouvement démocratique ainsi que des mouvements de contestation et revendicatifs”.
Dans ce rapport, divisé en plusieurs volets (droits civils et politiques, de la femme et de l’enfant, ou encore celui des migrants et des demandeurs d’asile), l’association illustre ses propos en chiffres. Elle a dénombré 60 cas de décès ayant eu lieu dans “des conditions nécessitant l’ouverture d’enquêtes par les autorités compétentes”, ainsi que neuf enregistrés dans des prisons et quatre dans des commissariats de police et de gendarmerie.
Détentions politiques en augmentation
L’association considère que les cas de détentions politiques et arbitraires ont augmenté et ont touché les “défenseuses et les défenseurs des droits humains, les journalistes » ainsi que « les activistes des mouvements sociaux du Rif”. Ces cas auraient notamment eu lieu dans les villes de Zagora, Jerada, Essaouira ou Tinghir. L’AMDH estime qu’à l’occasion des manifestations du mouvement de contestation du Hirak, à Al Hoceima le 20 juillet dernier, « l’intervention violente des forces de l’ordre » aurait « touché gravement deux citoyens décédés plus tard”.
Pour l’association, le procès des militants du Hirak du Rif représente le reflet de “l’évolution de la situation des droits humains au Maroc”, et constitue un “indicateur important” pour jauger de la situation actuelle à ce sujet. A cet effet, l’AMDH rappelle que ces condamnations, prononcées par le tribunal de première instance de la Cour d’appel de Casablanca, ont totalisé “308 ans de prison” à l’encontre des 52 détenus et “81.000 de dirhams d’amende pour 39 d’entre eux”. Et de souligner que le tribunal d’Al Hoceima a, quant à lui, poursuivi 158 mineurs. 117 d’entre eux seraient en état de liberté provisoire et 41 en état d’arrestation.
Le rapport dénonce également les condamnations à l’encontre de journalistes, de blogueurs ou de responsables de sites Internet, à l’image de Hamid El Mahdaoui, directeur du site d’information Badil, Rabie Al Ablaq, correspondant pour le même, Jawab Sabri et Mohamed Assrahi de Rif24.
Dégradation de la politique migratoire et sanitaire
Concernant les conditions de vie des personnes en situation irrégulière au Maroc, l’association tire la sonnette d’alarme : “Le vécu journalier des migrant(e)s démentent toutes les allégations et mettent l’État face aux atrocités commises par les autorités à l’encontre des migrant(e)s vivants au Maroc, surtout ceux et celles originaires et en provenance des pays de l’Afrique subsaharienne”.
L’AMDH considère également qu’une approche sécuritaire a été “favorisée” pour gérer les flux migratoires, et qu’elle aurait entraîné « de graves violations des droits des migrants” en particulier auprès des femmes et des enfants. L’intégration des migrants dans le royaume est aussi dénoncée par l’AMDH, puisque à défaut de disposer de tous les documents nécessaires, les migrants ne peuvent « inscrire leurs enfants à l’école”.
Côté secteur sanitaire, le document fait état d’une situation qui ne “cesse de s’aggraver”. En cause : la présence de “nombreuses maladies parmi la population”. À titre d’exemple, l’AMDH note que « 90% des enfants marocains souffrent de carie dentaire”. Surtout, l’association alerte sur le fait que près d’un quart des Marocains âgés de plus de 15 ans est en proie à des troubles dépressifs. Et d’ajouter : « La moitié de la population souffre de divers symptômes de troubles psychologiques ».
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