"Illégales et injustes", Rohani réagit aux sanctions américaines contre l'Iran

Les Etats-Unis viennent de rétablir la nouvelle vague de sanctions contre l'Iran. Le secteur pétrolier en est la participiale cible. Par l'instauration de ces mesures restrictives, Washington compte contraindre le pays de Rohani à engager des discussions sur son programme nucléaire.

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Le président iranien, Hassan Rohani. Crédit: AFP
Le président iranien, Hassan Rohani. Crédit: AFP

L’or noir de l’Iran est menacé par les Etats-Unis. Washington vient d’imposer à Téhéran, ce lundi 5 novembre, des sanctions contre son secteur pétrolier et financier censées contraindre la République islamique à revoir sa politique nucléaire.

Levées sous Barack Obama, les restrictions économiques contre l’Iran avaient été rétablies par Donald Trump en août dernier, soit six mois après le retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015. Le président des Etats-Unis, qui adopte une politique hostile à l’Iran depuis son accession au pouvoir en janvier 2017, a cette fois choisi de s’attaquer à ces deux secteurs en les mettant sur le banc.

Réagissant dans un discours télévisé à l’annonce de ces nouvelles mesures restrictives, le président iranien a de son côté promis de les « contourner fièrement », tout en les qualifiants d’« illégales et d’injustes ». Le guide suprême de l’Iran, Ali Khamenei, il a quant à lui accusé le président américain d’avoir « discrédité » les Etats-Unis qui, selon lui, seront les ultimes perdants de cette politique.

Pétrole boycotté

Vitaux pour l’économie du pays, qui souffrait déjà de nombreux maux avant l’offensive de Donald Trump, le secteur pétrolier et financier vont se voir être entravés dans leurs activités. Côté pétrole, l’administration Trump compte entreprendre une sorte de « chantage »contre les pays tiers qui commercent actuellement avec l’Iran. Ainsi, les entreprises asiatiques ou européennes se verront interdites de marché américain si elles continuent d’importer du pétrole iranien, ou d’échanger avec des banques iraniennes ciblées par Washington.

Huit pays bénéficieront toutefois d’une exemption pour le pétrole, dont la Turquie, et peut-être la Chine et l’Inde. A savoir que, le premier marché pour l’or noir iranien est la Chine, suivie de l’Union européenne, de l’Inde et de la Turquie. Le Japon et la Corée du Sud ont quant à eux quasiment réduit à zéro leurs importations.

Selon la Banque mondiale, les exportations de pétrole assurent 40% des recettes de l’Etat iranien. En septembre elles auraient déjà baissé de 2,5 millions de barils par jour à 1,6 million. Pour continuer à écouler leur brut, depuis quelques semaines, les tankers iraniens se sont mis à éteindre leurs transpondeurs afin de ne pas être repérés. Mais, des satellites continuent de les traquer.

« Pas de négociations » avec les USA

Concernant les sanctions financières, Donald Trump a annoncé que plus de 600 individus et entités en Iran seraient placés sur une liste noire. Un nombre supérieur à ceux qui en avaient déjà été retirés après la conclusion de l’accord de 2015. Le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, a expliqué que les Etats-Unis souhaitaient ainsi déconnecter l’Iran du circuit bancaire international Swift – ossature du système financier mondial – comme c’était le cas de 2012 à 2016.

Malgré l’hostilité iranienne exprimée, Donald Trump a affirmé qu’il été prêt à rencontrer les dirigeants de la République islamique afin de négocier « un accord global » et « plus complet »,  sur la base de douze conditions américaines. Il s’agirait notamment de restrictions beaucoup plus fermes et durables sur le nucléaire, mais également de la fin de la prolifération de missiles et des activités jugées « déstabilisatrices » de Téhéran au Moyen-Orient (Syrie, Yémen, Liban…).

Les Iraniens avaient déjà fait part de leur volonté de rejeter le dialogue avec Washington.« Il n’y aura pas de négociations avec les Etats-Unis », avait clairement lancé en août dernier l’ayatollah Khamenei.

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