La leishmaniose cutanée continue de sévir dans le sud et le sud-est du Royaume. Selon une dépêche du 23 octobre de l’agence de presse MAP, entre la fin juillet et le 12 octobre, 1.065 personnes ont été infectées dans la province de Zagora (région de Drâa-Tafilaleta). Sur cette même période, les zones les plus touchées sont celles de Tinzouline (202 cas), Bouzeroual (179 cas), et Beni Zouli (158 cas).
Interpellé en début de semaine à la Chambre des représentants sur la persistance de la leishmaniose cutanée dans cette province, le ministère de la Santé a indiqué qu’une batterie de mesures est actuellement déployée en vue de sa rétention, de sa prise en charge et de son suivi. Ces actions de luttes sont conjointement menées par les départements concernés, à savoir : le ministère de la Santé, de l’Intérieur et de l’Agriculture et la Pêche maritime. Et à Anas Doukkali de préciser que des coordinations avec les autorités provinciales et les collectivités locales, ainsi qu’avec la société civile et le corps associatif étaient également en cours.
Pour rappel, la leishmaniose cutanée (L.major) est transmise à l’homme par une piqûre de moustique (le phlébotome) qui a été contaminé par un rongeur porteur de la maladie en amont . Une fois transmisse à l’homme, elle entraîne des lésions cutanées persistantes et très visibles, susceptibles d’être infectées. Dans certains cas, selon l’OMS, la leishmaniose cutanée peut se contracter en leishmaniose viscérale, qui elle, peut être mortelle.
Le docteur Mohammed Youbi, directeur de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé et en charge de ce dossier, nous éclaire sur le sujet.
Traitement et diagnostic gratuits
L’un des principaux volets du Programme national de lutte contre les leishmanioses – intégré au Programme national de lutte contre les vecteurs – est celui de la prise en charge gratuite des patients. Si à ce jour, il n’existe pas de vaccin pour prévenir de la transmission de la maladie, le ministère de la Santé a fait le choix de traiter les personnes infectées par « l’unique médicament antiparasitaire disponible au Maroc qui se présente sous forme de liquide injectable », indique le docteur.
Aussi, « un arsenal de laboratoires et des équipements médicaux » ont été mis en place par le département de Doukkali dans les régions concernées. Ce dispositif a pour but « d’effectuer des dépistages, des diagnostics et des prises en charge », détaille Mohammed Youbi. Des services qui sont également « gratuits pour tout le monde ». Concernant le budget alloué à l’instauration de ces mesures, il concernerait essentiellement l’acquisition du matériel et celle dudit médicament. Le montant de l’enveloppe budgétaire ne nous a toutefois pas été communiqué.
Un « travail commun »
Sur le terrain, d’après le ministère, la lutte contre l’endémie de la leishmaniose cutanée passe par la sensibilisation. Surveillance cartographique, recensement, recherches ou campagnes de sensibilisation… sont entrepris par des comités de Gestion intégrée de la lutte anti-vectorielle (GILAF). « Ces organismes veillent surtout à réduire la densité des moustiques, dans le but de couper le circuit infectieux, mais ils mettent aussi en place des campagnes de communication », informe le docteur.
La sensibilisation réalisée auprès de la population locale – dans les zones rurales essentiellement – est un « travail en commun », qui passe conjointement par « les autorités locales, la société civile, les associations et les écoles ». Et de développer : « Elle vise tant à informer sur la nature, la transmission et les répercussions de la maladie, que sur la gestion des ordures qui sont un foyer de transmission (les rats porteurs de la leishmaniose viennent s’y nourrir, ndlr).
Risques minimisés
A la question des complications et des répercussions de la maladie, connue pour les impressionnantes lésions cutanées qu’elle provoque, Mohammed Youbi estime que ce type de leishmaniose « n’entraîne qu’un préjudice esthétique », ou des « risques d’infection », pouvant à terme « avoir un impact psychique ». Et de rassurer : « A elle seule la cicatrise finira, en trois ou quatre semaines, à guérir par elle-même ».
Des propos toutefois tempérés avec ceux tenus par l’OMS, qui estime que la leishmaniose cutanée cause « principalement des ulcères, sur les parties exposées du corps laissant des cicatrices définitives et des handicaps sévères ». Et à l’organisme d’alarmer sur « l’émergence de cette maladie [qui] constitue un problème de santé publique au Maroc ».
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