Avec notre correspondante à New York, Salima Yacoubi Soussane
Prévue pour le 29 octobre, la résolution du conseil de sécurité de l’ONU sur le mandat de la Minurso sera finalement adoptée le 30, voire le 31 octobre. Si les négociations se prolongent, c’est que le principal point de cette résolution, la durée du mandat de la mission de maintien de la paix au Sahara, est à nouveau au cœur des échanges. Traditionnellement prorogé d’un an à fin avril, le mandat avait été cette année fixé à 6 mois après moult négociations.
Cette réduction avait pour objectif « d’accroitre la pression sur les parties afin de résoudre leurs actuelles tensions et les amener à entamer un cinquième round de négociations formelles, » selon le site spécialisé whatsinblue.org. Depuis, l’émissaire de l’ONU pour le Sahara, Horst Kohler, a invité le Maroc, l’Algérie, le Front polisario et la Mauritanie à des discussions les 4 et 5 décembre à Genève. Toutes les parties ont accepté de participer à cette « table ronde ».
La réduction de la durée du mandat de la Minurso avait été poussée par les Américains, chargés de rédiger la résolution et influencés par le conseiller à la sécurité de Donald Trump, John Bolton. Un fin connaisseur du dossier du Sahara puisqu’il a été l’un des conseillers de l’ancien envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, James Baker. John Bolton a également été représentant permanent des États-Unis auprès des Nations unies entre août 2005 et décembre 2006, durant la présidence de George W. Bush. À ce poste, il souhaitait mettre fin à la Minurso témoigne-t-il dans son livre Surrender is not an option : Defending America at the United Nations.
La doctrine Bolton vise aussi à se retirer du plus grand nombre de traités internationaux et à réduire la contribution américaine aux Nations unies. Premiers contributeurs, les Américains payent 28,47 % de l’ensemble des opérations de maintien de la paix. Les principales missions sont en Afrique, la plus coûteuse étant au Soudan du Sud avec un budget de plus d’un milliard de dollars. Malgré la taille relativement réduite de la Minurso, 52,5 millions de dollars, l’administration Trump souhaite couper les dépenses à tous les niveaux.
« Le monde a besoin d’une ONU disciplinée, efficace, qui puisse rendre des comptes et qui soit axée sur les résultats », soulignait en avril Nikki Haley, la représentante des États-Unis à New York.
Démissionnaire depuis le 9 octobre, elle restera néanmoins en poste jusqu’à la fin de l’année. Et c’est son équipe qui est pen holder (porte-plume) de la résolution. Elle rédigera une première version qui sera ensuite négociée entre les partis concernés et le Groupe des amis du Sahara (France, Espagne, USA, Royaume-Uni et Russie), avant adoption par le Conseil de sécurité.
De sources concordantes, les Américains plaident à nouveau pour un renouvellement semestriel du mandat de la Minurso. Mais cette fois-ci, l’ensemble des acteurs optent pour une prorogation d’un an, comme le recommande le secrétaire général de l’ONU Antonio Gueterres dans son rapport rendu début octobre.
Pour tenter d’infléchir la position américaine, la diplomatie marocaine avait déployé une opération séduction auprès des Américains. Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita avait rencontré John Bolton et le secrétaire d’État américain Mike Pompeo à Washington. Quelques jours plus tôt, le média Breitbart, proche de l’extrême droite américaine, publiait une interview du ministre marocain dans laquelle il appelait à un soutien américain sur le dossier du Sahara. Le diplomate y suggérait notamment qu’un soutien américain permettrait d’affaiblir l’Iran, accusé par Rabat de soutenir le Polisario à travers le Hezbollah libanais. Et Bourita de lister des tentatives d’influences de l’Iran au Maroc et en Afrique, notamment sur le terrain religieux.
Le 22 octobre, l’ambassadrice marocaine à Washington Lalla Joumala rencontrait quant à elle David Hale, sous-secrétaire d’État américain aux affaires politiques et numéro 3 de la diplomatie américaine.
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