Abdelilah Benkirane : "Certains ministres PJD commencent à profiter de leurs positions"

Ministres PJD, blocage gouvernemental de 2016, cohésion de la majorité… En accueillant chez lui les Jeunes de la justice et du développement (JDD), l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane s’est offert une nouvelle tribune, cinglante.

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Saâdeddine El Othmani, saluant Abdelilah Benkirane à l'ouverture du Conseil national le samedi 20 janvier 2018 à Salé. Crédit: Tniouni/TelQuel

Je me taisais pour ne pas perturber le parcours du parti, mais il me semble que ce silence a atteint sa limite. » L’ancien chef du gouvernement et ancien secrétaire du Parti de la justice et du développement (PJD) Abdelilah Benkirane a accueilli chez lui la jeunesse de son parti le 14 octobre, pour une rencontre filmée en direct sur la page Facebook de la Jeunesse de la justice et du développement. Dans la foulée, l’ancien zaïm a tiré à boulets rouges sur l’ensemble de la scène politique, y compris jusque sur les ministres de sa propre formation politique.

« Nous sommes menacés et certaines personnes commencent à profiter de leurs positions. Ils disent que tout va bien et se défendent alors que certains d’entre eux exercent une sorte d’intimidation au sein du parti, » enchaîne Abdelilah Benkirane, et appelant la jeunesse PJDiste à ne pas se lancer dans une quête pour les postes. S’il se garde de citer des noms, Benkirane fait ici une allusion on ne peut plus claire au « courant des ministres PJD », ces militants que la charge de ministre a fait évoluer sur leurs positions partisanes. « Il faut résister à ce genre de comportements. Nous ne devons pas rester silencieux à propos de ce sujet !, » insiste Benkirane.

Selon Abdelilah Benkirane, le PJD est un « cadeau de Dieu pour le Maroc, réunissant des personnes avec de bonnes intentions. » Ce même parti, dit-il, empêchera la propagation de ce phénomène (quête de postes chez le courant des ministres PJD, ndlr), qu’il qualifie d’«intimidation ». « Si nous l’autorisons, nous atteindrons la situation dans laquelle se trouve certains partis politiques aujourd’hui », prévient-il.

Le RNI et le PAM aussi

Durant son intervention, Abdelilah Benkirane est revenu sur le blocage de la formation d’un nouveau gouvernement au lendemain des élections législatives d’octobre 2016. Il affirme ainsi qu’il s’attendait à l’élection d’Aziz Akhannouch à la tête du Rassemblement national des indépendants (RNI). « Le roi voulait les membres de ce parti dans le gouvernement, » déclare-t-il.

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L’ancien secrétaire général du PJD est revenu à la charge pour commenter les propos tenus par le ministre RNI de la Jeunesse et des sports, Rachid Talbi Alami, devant les sympathisants du parti de la colombe, lors de l’ouverture de l’université d’été du RNI, le 22 septembre à Marrakech. « Il est profondément immoral et n’a pas honte, puisque ce n’est pas notre parti qui veut détruire le pays, mais plutôt la corruption qui est en train de détruire le Maroc, » rétorque Benkirane.

Ce dernier estime que la réponse du PJD aux accusations du membre du comité exécutif du RNI devait être « plus forte. » « Soit nous le négligeons, comme nous l’avons fait avec certains, soit nous lui répondons. Mais parler puis se rétracter pour plaire à Saâd Eddine El Othmani m’a déplu, » confie-t-il au comité exécutif de la JDD.

Abdelilah Benkirane n’a pas épargné non plus le parti de l’authenticité et la modernité (PAM), et son nouveau secrétaire général, Hakim Benchemmach, réélu à la tête de la Chambre des conseillers le 15 octobre. Durant son intervention, l’ancien chef du gouvernement a commenté une déclaration attribuée à Hakim Benchemmach, dans laquelle celui-ci aurait affirmé avoir « acheté sa villa par l’argent offert par le roi ». « C’est une honte et un manque de respect», déplore-t-il, insistant sur le fait que le « nom du roi, commandeur des croyants, doit rester en dehors (de ce genre de déclarations, ndlr) ».

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