La nomination d’Abdelmounim El Madani à la tête de l’ANAPEC crée la polémique. Car, d’abord, il ne s’agit pas du résultat d’un appel à candidatures. Ensuite, parce que l’homme, cadre du PJD depuis 2003, a été nommé en conseil de gouvernement alors que son mandat en tant que directeur de l’Entraide nationale n’avait pas été renouvelé par Bassima Hakkaoui. Le PJD a-t-il donc favorisé son cadre au détriment du secteur de l’emploi, érigé pourtant en une des priorités nationales ?
Les frères se serrent les coudes ?
«Sa nomination est légale, car la loi sur les nominations aux hautes fonctions donnent la mobilité comme possibilité. C’est courant», nous explique une source proche du Chef du gouvernement. « A l’expiration de la durée de la nomination ou avant son échéance, il peut être procédé, dans le cadre de la mobilité, à la mutation des responsables exerçant des fonctions supérieures pour occuper un autre poste de même niveau, au sein du même département ou dans un autre département ou établissement public, sous réserve des spécificités du poste à pourvoir. Cette nomination à lieu par décret après délibération au Conseil du gouvernement, sur proposition de l’autorité gouvernementale concernée », dispose en effet le décret relatif aux nominations aux fonctions supérieures. Abdelmounim El Madani, lui, dit « ne pas s’intéresser à la polémique », car « le gouvernement a choisi de me nommer à la tête de l’ANAPEC. Ma nomination ne dépend que du gouvernement. »
Sauf que le cadre n’a pas vu, comme le permet le même décret, son mandat renouvelé à la tête de l’Entraide nationale – relevant du département de Bassima Hakkaoui -, ce qui laisse supposer que son bilan n’est pas bien reluisant. « Je n’en ai pas discuté avec la ministre. La mobilité a été opérée et c’est la mobilité qui prévaut. Si c’est pour une raison grave, il faut activer la loi », explique Abdelmounim El Madani. « Ceux qui disent que ma nomination s’explique par mon appartenance partisane ont tout faux. Je suis fonctionnaire de l’Etat depuis 29 ans, avant que le PJD n’existe », se défend-il. Argument contestable, d’autant que El Madani n’a été propulsé directeur de l’Entraide nationale – et aujourd’hui directeur de l’ANAPEC – que sous des gouvernements du PJD. « On ne peut pas discriminer les cadres du parti au seul prétexte qu’ils sont du PJD. Autrement, les cadres refuseraient de rejoindre les partis, ce qui limite leur force de proposer des cadres à des postes importants », argue, de son côté, une source proche de Saâdeddine El Othmani. Mais la question demeure posée : Abdelmounim El Madani a-t-il les épaules pour présider aux destinés à l’Agence de l’emploi ?
« Je suis connu dans le monde »
« C’est dommage que dans notre pays on parle ainsi d’un citoyen, d’un fils du peuple, qui plus est cadre dans le fonction publique depuis 29 ans. C’est une insulte et un appel à l’abandon de la politique par les cadres », réagit encore le nouveau patron de l’ANAPEC. Excessif, il va jusqu’à dire qu’il « connu dans le monde, une référence et une expertise confirmée, dans la gestion communale. » Mais quid de sa carrière de fonctionnaire. Né en 1967 à Ouazzane, Abdelmounim El Madani a fait sa carrière essentiellement comme cadre à la Trésorerie générale du royaume. Tour à tour analyste au ministère de l’Intérieur, inspecteur divisionnaire à la trésorerie générale du royaume (de 1994 à 1998), inspecteur des finances détaché auprès de la Caisse marocaine des retraites (1999 à 2003), l’économiste de formation a gravi au fil des années les échelons avant d’être propulsé inspecteur divisionnaire en chef à la TGR. Poste qu’il n’a quitté qu’en 2013 pour occuper la direction de l’Entraide nationale, poste où il n’a pas été reconduit par Bassima Hakkaoui en 2018. En parallèle de sa carrière de fonctionnaire, El Madani s’est frayé, dès 2003, un chemin dans la politique, « au moment où le PJD a décidé de s’ouvrir sur les cadres », nous dit-il. « Il s’est toujours impliqué dans l’élaboration des programmes du parti », témoigne un ministre du parti de la Lampe. Conseiller communal, adjoint au maire de Rabat, et membre du Conseil national du PJD, il se définit pourtant comme « un simple élu local, loin de la politique politicienne », comme pour se défendre contre attaques qui le visent. Qu’en est-il de son bilan à la direction de l’Entraide nationale ?
Vague, Abdelmounim El Madani nous cite « le repositionnement de l’Entraide nationale en tant qu’opérateur publique en assistance sociale dans le sens professionnel du terme. » Mais encore ? « Ça donne, concrètement, la mise en place de nouvelles prestations rendues à des catégories sociales exclues. Des prestations rendues directement par l’Etat à des personnes en situation de handicap dans plusieurs villes ou encore de nouvelles unités de protection de l’enfance. » Le nombre des bénéficiaires ? Evasif, il nous répond : « Je ne suis pas un d’action. » Amen !
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