Suite à sa mission au Sahara, HRW s'attire les foudres du CNDH

La visite d’une délégation de Human Rights Watch (HRW) à Laâyoune a récemment provoqué la réaction du Conseil  national des droits de l’Homme (CNDH). L’instance nationale n'a pas apprécié le procédé de l’ONG. Cette dernière explique pourtant avoir contacté l'antenne régionale du CNDH au préalable.

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Ahmed Reda Benchemsi, à gauche et Driss El Yazami, à droite. Crédit: Capture YouTube (Hesspress) / Yassine Toumi (TelQuel)

Du 28 au 31 août, une délégation de l’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) s’est rendue à Laâyoune pour y effectuer une mission sur les droits de l’Homme au Sahara. Menée par Ahmed Reda Benchemsi, directeur de la communication de la section Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW et Fayrouz Yousfi, chercheuse pour le compte de l’ONG au Maroc, cette visite de terrain a permis aux deux acteurs de rencontrer différentes associations actives dans la région.

Contacté par TelQuel, le chef de cabinet du président du CNDH, Abderrazzak El Hannouchi, déclare que l’instance « n’a pas refusé de rencontrer la délégation de HRW à Laâyoune », mais qu’elle s’est plutôt « opposée à la manière dont elle a géré cette mission ».

Le responsable ajoute que le Conseil dirigé par Driss El Yazami « a toujours collaboré avec Human Rights Watch, notamment avec son responsable au niveau de la région MENA, même durant ses moments de crise avec le gouvernement marocain ».

Selon notre interlocuteur, c’est Ahmed Reda Benchemsi qui « a géré la visite de Human Rights Watch dans les provinces du Sud d’une manière non professionnelle, puisqu’il a refusé d’informer le CNDH de l’objet de la visite afin qu’il puisse préparer et fournir les données qui vont aider l’organisation à élaborer son rapport ». Il ajoute que l’ex-directeur de publication de TelQuel et de Nichane « a préféré coordonner directement avec la Commission régionale des droits de l’Homme (CRDH) sans avoir obtenu un accord préalable au niveau central ».

La coordination des visites de terrain en matière des droits de l’Homme étant une pratique courante chez toutes les ONG œuvrant dans ce domaine, Abderrazzak El Hannouchi rappelle que cette prise de contact en amont « ne concerne pas des mesures liées à l’autorisation de la visite, puisque le CNDH est une institution de protection et de promotion des droits de l’Homme indépendante qui ne représente pas les autorités publiques, mais va permettre de prendre toutes les dispositions nécessaires à même de garantir cette mission ».

Benchemsi n’en démord pas

De son côté, Ahmed Reda Benchemsi nous précise avoir « contacté le CNDH sans qu’il y ait eu de confirmation » et qu’il s’est ensuite « adressé au directeur du CRDH de Laâyoune qui a donné rendez-vous avant de l’annuler pour motif qu’il était à Rabat ».

« Nous avons sollicité pour un entretien qu’ils n’ont pas voulu nous donner. Ils n’ont pas apprécié la manière dont nous les avons sollicités. Mais nous sommes d’accord sur l’essentiel, à savoir que l’entretien n’a pas été accepté, » ajoute-t-il en signalant qu’« il y a eu initialement un accord des responsables régionaux ».

Mentionnant de bonnes expériences de coopération dans le passé, Ahmed Reda Benchemsi poursuit : « Je regrette qu’il y ait ce malentendu. J’espère que ça pourra être réglé et que l’on pourra reprendre langue la prochaine fois ».

S’agissant de l’incidence de ce quiproquo sur le rapport final qu’établira HRW, le représentant de l’ONG nous répond qu’« une fois le premier draft rédigé, les conclusions seront envoyées aux instances nécessaires, dont le CNDH et les responsables ministériels des droits humains, pour leur demander ce qu’ils en pensent. Ça ne changera rien au fait que nous allons à nouveau leur demander de nous donner un point de vue. J’espère que cette fois, ils accepteront ».

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