Arrestations et comité de soutien... Les derniers développements dans l'affaire Khadija

Deux personnes sont toujours recherchées par les autorités locales pour leur implication présumée dans la séquestration et le viol de la jeune Khadija. Douze personnes sont déjà sous les verrous. Un comité de soutien local s’organise autour de la jeune fille, sous bonne garde, comme nous l'avons constaté sur place.

Par

Yassine Toumi / TelQuel

Alors que l’affaire de Khadija, une mineure qui affirme avoir été kidnappée, séquestrée, violée et mutilée durant deux mois à Oulad Ayad (province de Fkih Ben Salah), est suivie par la presse nationale et internationale, les autorités « s’activent » pour mettre la main sur deux présumés tortionnaires de la jeune fille de 17 ans, nous confie une source judiciaire.

La gendarmerie avait déjà arrêté dans un premier temps neuf suspects, puis trois autres. Ils ont tous été placés en détention provisoire. Onze accusés sont inculpés pour « association de malfaiteurs », « viols », « enlèvement et séquestration », « traite d’êtres humains » ou encore «attentat à la pudeur consommé ou tenté avec violences ». La douzième personne est poursuivie pour « non-dénonciation d’un crime », entre autres, selon notre source.

Réclusion pour les coupables

En vertu de l’article 436 du Code pénal, ils encourent de 5 à 20 ans de réclusion pour séquestration. En vertu de l’article 428, les coupables de tortures sont punis de la peine de mort, mais la peine capitale n’est plus appliquée au Maroc. Pour ce qui est de la traite d’êtres humains, les accusés encourent jusqu’à 20 ans de prison et une amende de 100.000 à 1.000.000 de dirhams « lorsque l’infraction est commise sous la menace de mort, de voies de fait, de torture, de séquestration ou de diffamation » selon l’article 448-3.

L’article 486 dispose que « le viol est l’acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci. Il est puni de la réclusion de cinq à dix ans. Toutefois si le viol a été commis sur la personne d’une mineure de moins de dix-huit ans, d’une incapable, d’une handicapée, d’une personne connue par ses facultés mentales faibles, ou d’une femme enceinte, la peine est la réclusion de dix à vingt ans».

Le soutien s’organise

Du côté de la jeune Khadija, dont l’état de santé s’est « dégradé » selon son père et qui refuse de s’exprimer sur l’affaire, le soutien s’organise et se durcit. Un comité de soutien à la jeune de 17 ans s’est constitué en début de semaine à Oulad Ayad. L’organisation est constituée de plusieurs acteurs de la société civile. Elle comprend notamment les sections locales de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), de l’Association de développement de l’enfance et la jeunesse et de l’association INSAT pour l’aide aux femmes victimes de violences. Il y a aussi des membres de la famille de Khadija, des avocats et des journalistes, selon Nourredine Essaâdi qui se présente comme le coordinateur du comité.

Le groupe est omniprésent dans la gestion de l’affaire. Ses membres se donnent pour mission d’aider dans « l’organisation et le traitement des différentes demandes de soutien sanitaire et psychologique de Khadija et de suivre la gestion médiatique et juridique de l’affaire », nous déclare encore Nourredine Essaâdi. La même source affirme que « les dons et financements sont directement gérés par le père de Khadija ».

Bourreaux ou innocents ?

Les familles des accusés montent aussi au créneau. Elles jugent « injuste » l’arrestation de leurs proches. Deux des familles auxquelles nous avons pu parler décrivent Khadija comme une « déviante » et leurs enfants comme « innocents ». Selon nos sources judiciaires, l’adolescente est revenue en détail dans son procès-verbal sur le calvaire qu’elle aurait subi. Elle y décrit les accusés comme des « bourreaux ». Pour l’heure, l’enquête est toujours en cours alors que le dossier est entre les mains du juge d’instruction.

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