L’Espagne a renvoyé le 23 août vers le Maroc les migrants africains qui étaient entrés illégalement la veille dans l’enclave espagnole de Sebta. Une expulsion collective et rapide, aussitôt dénoncée par des défenseurs des droits humains.
Le 22 août, 118 migrants ont réussi à franchir clandestinement, à Sebta, la frontière avec l’Espagne. Près de 24 heures après les faits, 116 d’entre eux – deux mineurs étant restés en Espagne – sont renvoyés par les autorités espagnoles sur le territoire marocain, installés sous bonne garde dans des véhicules des autorités marocaines. Suite à l’événement, des associations de défense des droits de l’Homme s’insurgent. Selon l’ONG Caminando Frontieras, cette opération menée par le gouvernement espagnol, constitue « une énorme violation des droits humains ».
A la suite de ces accusations, le gouvernement espagnol a affirmé sa position. « Les 116 migrants subsahariens entrés hier (mercredi, NDLR) en Espagne de manière illégale à travers la frontière de Ceuta ont été réadmis par le Maroc », confirme la préfecture de Sebta dans un communiqué. La préfecture justifie également sa démarche en mettant en avant « la réactivation » d’un accord bilatéral conclu en 1992 entre l’Espagne et le Maroc.
« Une situation inacceptable »
Une dépêche de l’agence de presse espagnole EFE rapporte que dans la journée du 24 août, à l’issue d’un conseil des ministres, la vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo, a également livré ses explications sur ce renvoi massif des migrants vers le Maroc. Elle a d’abord justifié cette réaction, et sa rapidité d’exécution, par la violence qui a émaillé l’entrée de ces personnes sur le territoire national. Plusieurs migrants ont lancé une substance acide sur des policiers, et sept d’entre eux auraient été grièvement blessés, selon Carmen Calvo.
Une situation « inacceptable » pour la vice-présidente du gouvernement espagnol. Elle rappelle également que le renvoi de ces migrants « s’inscrit dans un accord entre les deux pays » et assure que « l’Etat de droit a bien été maintenu durant cette procédure ». Carmen Calvo a aussi garanti qu’il n’y avait pas de mineurs parmi les 116 expulsés et « qu’aucun d’entre eux n’a demandé l’asile ».
Les associations critiquent, le gouvernement rassure
Des explications qui ne satisfont pas les ONG de défense des droits de l’Homme. Le directeur et fondateur de l’ONG Proactiva Open Arms a tancé le gouvernement espagnol : « Le plus grave c’est que si l’Exécutif est capable de telles actions au grand jour médiatique, on peut imaginer que ce qu’il fait au milieu de l’océan est bien pire. »
Plus précisément, les associations ont critiqué la rapidité d’exécution de cette action. La Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR) estime que « ce changement de politique met en branle des procédures accélérées en un peu plus de 24 heures qui empêchent la détection adéquate des personnes en situation de vulnérabilité ou nécessitant une protection internationale ». Carmen Calvo assure de son côté que « la politique migratoire nationale n’a pas changé d’un iota».
Le gouvernement espagnol précédent, connu pour sa fermeté sur la question migratoire, pratiquait de temps à autre des refoulements à chaud de personnes entrées illégalement sur son territoire. C’est en revanche la première fois que le gouvernement socialiste espagnol, au pouvoir depuis juin, use de cette procédure.
Avec agences
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