Alors que les proches des victimes avaient appelé à une « trêve« , une banderole contre le roi d’Espagne Felipe VI a été déployée sur un immeuble de la place de Catalogne où était prévue à 10H30 (08H30 GMT) la cérémonie d’hommage aux victimes en présence des principales autorités politiques du pays dont le souverain et le chef du gouvernement Pedro Sanchez.
« Le roi d’Espagne n’est pas le bienvenu dans les pays catalans« , affirmait en anglais cette banderole (The Spanish king is not welcome in the Catalan countries) à côté d’un portrait du roi la tête en bas. Felipe VI, qui avait tenu un discours très ferme à l’encontre des indépendantistes lors de la crise en Catalogne de l’automne dernier, avait déjà été hué l’an dernier lors de la manifestation contre le terrorisme ayant suivi les attentats.
Afin de ne pas se retrouver aux côtés du souverain, des associations indépendantistes ont organisé des hommages parallèles aux victimes des attentats vendredi. Sur son compte Twitter, Pedro Sanchez a insisté sur la nécessité « d’unité de toute la société espagnole » qui « nous rend fort face au terrorisme et à la barbarie ». « Ce 17 août et pour toujours, nous serons à Barcelone avec les victimes, solidaires avec leur douleur, unis dans le souvenir« , a-t-il ajouté.
« Nous n’avons pas renoncé à nos valeurs et à nos convictions qui, un an après, sont plus fortes que jamais. Nous sommes et nous serons une ville de paix, une ville courageuse qui oppose l’amour à la terreur« , a déclaré pour sa part jeudi, à la veille de l’hommage, la maire de Barcelone, Ada Colau, les yeux remplis de larmes au moment d’égrener le nom des victimes.
Le double attentat de Barcelone et Cambrils avait provoqué un immense émoi au sein de l’ensemble de la société espagnole avant d’être rapidement éclipsé par la tentative de sécession de la Catalogne en octobre. Avant la cérémonie d’hommage, des fleurs ont été déposées par des proches des victimes sur la mosaïque de l’artiste barcelonais Joan Miró au centre des Ramblas. Là où s’est achevée le parcours meurtrier de la camionnette de Younes Abouyaaqoub sur la célèbre avenue.
A 16h30, le 17 août 2017, ce Marocain de 22 ans s’est lancé au volant du véhicule sur l’artère, tuant 14 personnes dont un Australien de 7 ans et un Espagnol de 3 ans, et en blessant plus de 100, avant d’abandonner la camionnette. Disparaissant dans la cohue d’un marché, il vole ensuite une voiture dont il tue le conducteur. Il sera abattu par la police après quatre jours de cavale, non loin de Barcelone.
Quelques heures après l’attaque sur les Ramblas, cinq de ses complices l’imitent dans la nuit du 17 au 18 août en fauchant des passants dans la station balnéaire de Cambrils, au sud de Barcelone, avant de les attaquer au couteau. Une femme est poignardée à mort.
Ruben Guiñazu, Argentin de 55 ans, fait partie des victimes de Cambrils. Un jihadiste « m’a laissé le couteau planté dans le visage, à quinze centimètres de profondeur. Il m’a taillé les amygdales, les carotides, les cordes vocales, la langue… (…) J’ai cru que j’allais mourir », a-t-il raconté jeudi devant la presse.
Ce double attentat a été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique. Mais les enquêteurs ont cherché en vain jusqu’à présent des liens entre la cellule née à Ripoll au pied des Pyrénées catalanes, où un imam a radicalisé une dizaine de jeunes d’origine marocaine, et des responsables à l’étranger.
Passés à l’acte dans l’improvisation après l’explosion accidentelle d’une villa où ils confectionnaient des explosifs, dans laquelle l’imam est mort, ces jihadistes se préparaient pour un attentat de bien plus grande envergure avec comme cibles potentielles, selon les enquêteurs, la basilique de la Sagrada Familia, le Camp Nou, stade du FC Barcelone, ou même la tour Eiffel.
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