Une tentative avortée d’invasion du Qatar a-t-il entrainé la chute de l’ancien secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson ? C’est ce que suggère le site d’investigation américain The Intercept dans un article publié le 1er août et où sont citées plusieurs sources au sein de la CIA et du département d’Etat américain. Cette attaque aurait été élaborée au début de l’été 2017, au moment de l’éclatement de la crise du Golfe, par l’Arabie saoudite et « les princes émiratis » affirme le média américain.
Découvert par des agents qataris, le plan consistait en une « invasion du Qatar par des troupes saoudiennes avec le soutien militaire des Emirats arabes unis avec pour objectif Doha » affirme The Intercept. Le but de cette offensive ? L’accès aux 320 milliards de dollars dont disposent le fonds souverain qatari. Selon plusieurs experts de la région cités par le média, l’Arabie saoudite était, à l’été 2017, en manque cruel de capitaux. Touché par une récession en 2016 à laquelle est venue s’ajouter de nombreux investissements initiés par Mohamed Ben Salmane (MBS), qui allait être élevé au rang de prince héritier durant l’été 2017, Riyad aurait donc voulu renforcer ses liquidités.
Tillerson contre la Maison Blanche
Ex-PDG d’Exxon Mobil, Rex Tillerson entretient des liens étroits avec le Qatar et semble déterminé à empêcher cette offensive. Alors que le secrétaire d’Etat américain cherche à calmer les tensions entre les deux camps de la crise du Golfe, suite à la déclaration du blocus du Qatar ses efforts sont sapés par la Maison Blanche. Via Donald Trump, la présidence américaine, annonce son soutien au boycott économique du Qatar. Dans le même temps, le gendre et conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, maintient via WhatsApp un contact constant avec les héritiers des trônes saoudiens et émiratis, qui sont les de facto leader de leurs pays, rapporte The Intercept.
Cela n’empêche pas Rex Tillerson de multiplier les contacts avec des « acteurs régionaux et intermédiaire dans le Golfe » parmi lesquels le roi Salmane, poursuit le média américain. Près d’une vingtaine d’entretiens téléphoniques sont ainsi organisés avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al Jubeir. Tillerson en appelle même à son collègue James Mattis, secrétaire d’Etat américain à la défense pour qu’il convainque son homologue saoudien d’éviter une offensive visant un pays accueillant une base américaine où sont mobilisés plus de 10.000 soldats américains. L’Arabie saoudite finira par plier, mais pas sans avoir le dernier mot.
Le 14 mars 2018, une semaine avant l’arrivé du prince hériter saoudien Mohamed Ben Salmane à Washington dans le cadre d’une visite aux Etats-Unis, Rex Tillerson apprend sa mise à pied sur Twitter. Un symbole fort pour une visite qui aboutira par l’achat de 110 milliards de dollars de matériel militaire par le prince saoudien.
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