Visite guidée d'Istanbul avec la créatrice Sara Harakat

Elle compte parmi les villes les plus fabuleuses de l’histoire et entend bien figurer au club des mégalopoles incontournables de demain, à l’avant-poste en matière d’arts et de design. Visite, forcément stimulante, avec la jeune architecte et créatrice d’accessoires Sara Harakat.

Par

C’est une terre de légendes et de romans, capable d’impressionner les voyageurs les plus blasés, incapable de se reposer sur ses lauriers. Exception urbaine bâtie à cheval sur deux continents, entre Europe et Asie, Istanbul s’embrasse comme un théâtre d’histoire, de rue et de flux maritime perpétuel. S’y télescopent avec éclat l’Orient, l’Occident et des siècles de splendeurs à la tête des plus grands empires, du temps de Byzance, Constantinople et des Ottomans. Au top des villes les plus chargées d’années et de vestiges, la « Sublime Porte » est devenue au cours des dernières décennies l’une des mégalopoles les plus imposantes du globe, une fourmilière où les gecekondus (constructions illégales) poussent en une nuit. Aujourd’hui, Istanbul se revampe et prend de la hauteur : longtemps déployée entre terre et mer, elle redessine sa skyline à grand renfort de nouveaux buildings et quartiers d’affaires. Débordante d’énergie et de mégaprojets, la cité offre tout à la fois, le visage d’une Turquie en concentré et en plein essor, et la promesse d’une destination unique. En quelques années, elle s’est dotée d’une énième corde à son arc en se propulsant sur la scène arty mondiale, avec une effervescence bien à elle.

La créatrice et architecte Sara Harakat.

Direction la rive européenne pour s’en convaincre, où se créent constamment de nouveaux lieux de culture – Salt, Arter – ou d’autres, consacrés à l’art local de prendre du rehavet (du bon temps), notamment à table, dans la bobo zone de Beyoğlu. Au son de la Türk Pop, omniprésente, on y déniche le quartier de Galata et les créateurs de mode turcs les plus désirables, dont Arzu Kaprol ou Bahar Korçan. Plus bas, sur les docks de Karaköy, se tient le premier musée d’art contemporain du pays, ouvert en 2005. D’ici peu, l’Istanbul Modern sera rejoint par le gigantesque Galataport, destiné à capter toujours plus de bateaux de croisière. Une autre Istanbul se projette déjà…

Avec son grain de folie, son grand mix de cultures, d’époques et de couleurs, Istanbul est devenue la ville fétiche des Harakat Sisters, celle qui ressemble le plus aux créations handmade de ces deux sœurs maroco-libanaises. Doctorante en architecture à Paris, stambouliote le temps de son master, Sara, l’aînée, nous entraîne dans sa ville de cœur, avant son prochain départ en Ouzbékistan et le lancement d’une nouvelle collection de bijoux et d’accessoires, où promettent de se rencontrer routes de la soie et des épices.

Un hôtel où poser ses valises ?

Le House Hotel, sur les rives du Bosphore. C’est l’ancienne demeure de l’architecte arménien Simon Balian, réaménagée par l’agence Autoban.

Une adresse pour les mélomanes ?

Direction le Babylone, un lieu incontournable de la scène underground. Éclectique à souhait : on y croise le saxophoniste jazz Korhan Futacı aussi bien que le chanteur touareg Mdou Moctar du Niger.

Un hot spot food ?

Pour le meilleur poisson de la ville : Uskumru, accessible uniquement en bateau à partir du quai Rumeli Hisari, ça vaut le détour ! Et pour un vrai kahvalti, le brunch turc : Journey Cihangir.

Un lieu où boire un verre?

Soho House, une des plus belles terrasses pour apprécier la skyline d’Istanbul.

Découvrir Istanbul hors des sentiers battus ?

Aller vers la rive asiatique, déambuler dans le marché populaire de Kadikoy, se balader jusqu’au quartier Moda, y assister au coucher de soleil en mangeant un simit chaud (pain turc au sésame). Pour s’immerger encore plus dans la magie de la route de la soie : on embarque dans le train pour faire le trajet Istanbul/Téhéran.

Un créateur turc à découvrir ?

La jeune Asli Filinta et sa façon ludique de réinterpréter les motifs ottomans pour en faire des vêtements aux imprimés uniques.

De bons plans shopping ?

Le concept store Midnight Express, pour sa sélection de jeunes créateurs turcs comme Bora Aksu, Zeynep Erdogan, Arzu Kaprol ou Ümit Ünal. Karakoy Junk, pour ses objets et accessoires vintage, chinés avec soin aux quatre coins du monde par la propriétaire, Asli Atamer. Feriköy Antika Pazarı : le marché aux puces, qui se tient tous les week-ends.

Un quartier où flâner ?

C’est un vrai bonheur de se promener parmi tous les antiquaires et les galeries de Cukurcuma : on y trouve des vinyles iraniens, des bijoux en argent d’Afghanistan, des kilims d’Ouzbékistan… Autre lieu, autre sens: le bazar égyptien, pour sentir les délicieux parfums d’Orient.

Un musée incontournable ?

Istanbul Modern. Installé dans un ancien entrepôt industriel, il offre une riche collection d’artistes contemporains turcs, et organise également des projections de films et masterclass.

Un lieu d’inspiration ?

Tarlabaşı, un quartier populaire plein de vie et de diversité : un melting-pot de couleurs, de langues et de musiques (kurde, grecque, etc.), avec ses vendeuses de fleurs, ses musiciens gipsy et ses enfants jouant dans la rue.

Une galerie où s’attarder ?

Salt Galata: un lieu impressionnant, magistral, hors du temps. Entre expositions et conférences, il propose également un centre d’archives et de recherches, ainsi qu’une très riche librairie.

Un artiste turc à suivre ?

Tolga Sezgin, un des fondateurs de Narphotos, collectif de photographes indépendants basé à Istanbul. Kaan Müjdeci, jeune réalisateur qui vient de signer son premier long-métrage, Sivas.

 

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer