La paix sociale a un prix. Le PPS veut œuvrer en sa faveur en soulageant financièrement les jeunes étudiants tout juste diplômés grâce au versement d’une indemnité mensuelle qui leur permettra de couvrir certains coûts, comme le transport ou le logement, auxquels ils doivent faire face dans leur recherche d’emploi», nous déclare Aicha Lablaq, présidente du groupement PPS à la Chambre des représentants et membre de la Commission du contrôle des finances.
Le PPS défend le projet d’aider les jeunes chômeurs à l’issue de leurs d’études supérieures depuis novembre 2017. A cette date, les membres du groupe parlementaire du parti au livre à la première chambre ont déposé une proposition de loi visant à octroyer une indemnité de 1.200 dirhams par mois pendant un an aux diplômés à la recherche d’un emploi.
Présenté le 16 juillet en Commission des finances et du développement social à la Chambre des représentants, le texte a encore du chemin à faire. S’il n’est pas approuvé par le gouvernement dans les prochains mois, il ne pourra pas être débattu au Parlement, en octobre prochain, lors de l’ouverture des conversations sur les mesures relatives au projet de loi de finances 2019.
Jamal Benchakroun Krimi, élu PPS à l’initiative de la proposition de loi, nous en explique sa visée : «Nous sommes dans une logique de renforcement de la justice sociale et de distribution des richesses dans ce pays. Le but ultime étant que toutes les catégories socioprofessionnelles puissent profiter d’une part du PIB national».
Le député précise que ce texte élaboré et déposé par le groupement a d’abord été «exposé dans le cadre du temps de parole consacré à la majorité, et cette dernière a manifesté son enthousiasme de voir une telle loi promulguée. Mais, il nous a semblé judicieux de le proposer d’abord au nom du groupement PPS».
Persuadée d’agir «pour la bonne cause», et déclarant que les autres partis «ont réagi plutôt favorablement», Aicha Lablaq reste optimiste quant à l’avenir du texte. Elle espère ainsi «faire adhérer au maximum les autres composantes politiques».
1.200 DH par mois pendant un an
La proposition de loi du PPS concerne l’ensemble des citoyens marocains ayant obtenu un diplôme «d’universités, d’instituts supérieurs et d’institutions nationales de formation professionnelle». Les bénéficiaires de l’aide voulue par le parti au livre doivent également justifier de leur situation de recherche d’emploi et s’enregistrer «dans un registre spécial créé à cet effet», lequel sera «mis à leur disposition dans les sièges des préfectures ou dans les sièges des provinces»
Une fois ces démarches réalisées, le jeune diplômé-chômeur pourra bénéficier de cette aide au cours des 12 premiers mois suivant l’obtention de son diplôme, puis de 600 dirhams durant six mois supplémentaires, si une prolongation de l’indemnité est jugée nécessaire.
Un projet qui séduit ?
Jamal Benchakroun Krimi se veut confiant sur le devenir de la proposition de loi. S’il s’avère que le texte est présenté en octobre prochain, lors du début des débats sur le projet de loi de finances 2019, le membre PPS avance «qu’il n’y aura pas de désaccords sur le fait qu’il s’agit d’un principe social que nous essayons de mettre en valeur en encourageant les jeunes à persévérer dans leurs études».
«Hier (le 16 juillet, NDLR), le groupe parlementaire PAM (opposition, NDLR) a appuyé et soutenu notre proposition en plénière. Ses députés ont ouvertement déclaré qu’ils voteront en notre faveur», ajoute-t-il.
Mais si, selon les dires des deux députés PPS, «aucune des composantes de la majorité» ne semble «s’opposer à la proposition», la controverse pourrait davantage porter sur «les mécanismes opérationnels d’application et de financement».
Solutions de financement
En termes de moyens de financements, le PPS entrevoit plusieurs solutions. La première : la Caisse de cohésion sociale (CCS). A cet effet, Jamal Benchakroun estime que la CCS «peut contribuer à financer ce programme».
Même s’il est en effet mentionné dans l’article 9 du texte qu’un «fonds spécialisé sera créé pour l’application de cette loi, selon les dispositions de la loi des finances», pour l’élu, «rien n’empêche le PPS de se diriger vers la CCS». «Au moment du débat, nous signalerons qu’une caisse existe déjà et qu’il (le gouvernement, NDLR) peut subvenir à cette fin, au lieu de créer une nouvelle caisse».
Seconde option de financement : les économies réalisées grâce à la réforme de la décompensation des produits pétroliers. D’une même voix, Jamal Benchakroun et Aicha Lablaq estiment que les ressources financières épargnées depuis la levée de la réforme de la Caisse de compensation sur les hydrocarbures pourraient, en effet, servir à financer les fonds nécessaires à la réalisation du projet.
«La Caisse de compensation versait annuellement 35 milliards de dirhams avant la libéralisation de ce secteur. Et quand le prix du baril avait atteint son maximum sur les marchés internationaux, l’Etat supportait jusqu’à 55 milliards de DH en 2015», détaille Jamal Benchakroun Krimi.
Mais, avant de définir quel système de financement sera le plus adapté, le PPS doit patienter. «Maintenant, nous attendons la réponse, qu’elle soit positive ou négative, du gouvernement. Il doit préciser s’il va apporter une mesure semblable dans le cadre du projet de loi de finances de l’année prochaine, ou bien s’il propose une alternative meilleure», conclut l’élu socialiste.
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