L’Algérie est aujourd’hui prête à étudier la possibilité d’une candidature maghrébine commune avec le Maroc et la Tunisie », a affirmé le 1er juillet, Mohamed Hattab, ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, depuis Tarragone (nord-est de l’Espagne), où il a assisté à la clôture des 18e Jeux méditerranéens, que l’Algérie devra accueillir à son tour en 2021.
Pour le responsable algérien, « en prenant en compte des infrastructures sportives déjà construites et les (…) nombreux projets réalisés ces dernières années » dans son pays, « en particulier sur le plan hôtelier », l’Algérie peut aujourd’hui étudier cette idée. « Toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour que nous puissions apporter une emprunte supplémentaire, tant au niveau continental qu’international », a-t-il poursuivi. « Le 18 juillet prochain, nous allons abriter les Jeux africains de la jeunesse, alors qu’en 2021 la ville d’Oran organisera les Jeux méditerranéens. Je pense que nous avons les moyens pour organiser des rendez-vous internationaux majeurs », a encore une fois souligné le ministre, cité par le site d’informations TSA.
Il y a près de deux semaines, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Kheïreddine Zetchi, s’était également prononcé en faveur d’une candidature commune maghrébine pour l’organisation du Mondial 2030. « Je pense qu’à l’avenir, pour les dossiers de candidature à l’organisation du Mondial, les pays doivent se rapprocher et unir leurs forces », a déclaré Zetchi.
Côté marocain, rien n’a encore été confirmé. Contacté par Telquel, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Rachid Talbi Alami, est resté injoignable.
« Un leurre »
Pour Hamid Faridi, ancien conseiller au cabinet du ministre de la Jeunesse et des Sports, une candidature maghrébine serait « intéressante sur le plan politique, mais techniquement elle n’apportera pas d’éléments positifs ». Et d’ajouter : « A défaut de construire une union du Maghreb réelle, une candidature commune maghrébine pourrait être porteuse de germes d’un futur marché commun et d’une future construction régionale sérieuse », estime-t-il.
« Sur le plan technique, cela n’a rien d’intéressant parce que nous n’avons pas la même conception des stades, ni la même conception de l’organisation, encore moins la même approche financière. Nous aurons beaucoup de mal à construire un comité d’organisation cohérent et complémentaire », souligne le spécialiste pour qui cette candidature serait « un leurre ».
Hamid Faridi, qui ne voit pas « de points de renforcement du dossier marocain à travers cette éventuelle candidature », estime aussi que la fermeture des frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie ne va pas dans le sens d’un dossier commun. « Ce n’est pas demain que cela va être réglé. Les supporters ne vont pas prendre un avion du Maroc pour aller regarder le reste en Algérie », fustige-t-il.
Les frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie sont fermées depuis 1994. Depuis, les ressortissants des deux pays doivent prendre l’avion pour traverser la frontière. Après les déclarations de Kheïreddine Zetchi, président de la FAF, en faveur d’une candidature maghrébine pour le Mondial 2030, une pétition a circulé sur les réseaux sociaux demandant la réouverture des frontières entre les deux pays. « Rassemblons-nous pour la relance des relations bilatérales, pour un nouveau décollage économique bénéfique à l’ensemble des peuples de cette région en particulier et du Maghreb arabe en général », peut-on lire dans le texte de la pétition.
Lors du vote du 13 juin dernier, pour l’attribution de l’organisation du Mondial 2026, l’Algérie avait donné sa voix au Maroc. « La décision du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de soutenir la candidature du Maroc pour accueillir la Coupe du monde de football 2026, sera exécutée avec fierté », avait déjà prévenu El Hadi Ould Ali, ministre algérien des Sports. Le 20 juin, l’ambassadeur du Maroc en Algérie, Hassan Abdelkhalek, avait d’ailleurs annoncé que le roi Mohammed VI avait envoyé une lettre de remerciement au président algérien pour avoir voté en faveur de la candidature marocaine.
Maroc-Espagne-Portugal « plus vendeur » ?
Une autre éventualité est, par ailleurs, toujours possible. En mars dernier, le quotidien sportif espagnol AS affirmait que le roi Mohammed VI avait fait appel à Felipe VI, le roi d’Espagne, pour une organisation conjointe de la Coupe du monde 2026, avec le Portugal. Une proposition qui aurait alors été vue d’un bon œil par le président de la Fifa, Gianni Infantino, puisqu’il aurait s’agit d’un Mondial organisé par l’Afrique et l’Europe, mais aussi par des chrétiens et des musulmans.
« Un dossier présenté avec l’Espagne et le Portugal serait beaucoup plus vendeur », estime de son côté Hamid Faridi. Il explique : « Sur le plan technique, ça serait génial. Puisque cela serait une candidature espagnole avec deux compléments d’objet directs qui sont le Maroc et le Portugal, qui chacun de son côté, ne peut pas organiser la Coupe du monde tout seul », souligne-t-il.
Rien d’officiel n’avait toutefois été entrepris dans ce sens par les autorités des trois pays. Finalement, le Maroc a déposé sa candidature seul, devant le trio américain Etats-Unis-Mexique-Canada qui a remporté l’organisation du Mondial 2026. Au lendemain de cet échec, le Maroc, déjà candidat en 1994, 1998, 2006 et 2010 à l’organisation du Mondial, avait annoncé sa volonté de postuler une sixième fois pour 2030, et ce « sur instructions royales ». Le royaume, qui peut d’ores et déjà compter sur le soutien du Qatar, fera cette fois face au trio sud-américain Argentine-Uruguay-Paraguay, ayant officialisé en octobre dernier sa candidature.
« Le Maroc ne peut pas organiser la Coupe du monde tout seul. On se raconte beaucoup de salades entre nous, parce qu’on est chauvins et qu’on aime notre pays, mais réellement, on ne peut pas construire une candidature tout seul », prophétise encore l’ancien conseiller au ministère des Sports.
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