Le collectif Zero Zbel pointe les failles de l'opération Zero Mika

Les Marocains peinent-ils à adopter des moyens alternatifs aux sacs en plastique, qui sont pourtant interdits par la loi ? C'est ce qu'affirme le collectif Zero Zbel dans une enquête sur l'usage de la "mika".

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Deux ans après l’engouement pour l’opération Zéro mika, retour grisant à la réalité. Les chiffres d’une enquête sur l’usage des sacs en plastique publiée le 27 juin et réalisée par le collectif Zéro Zbel parlent d’eux même. L’enquête, menée auprès de 235 personnes (clients et commerçants) dans huit marchés de Casablanca, Agadir et Tétouan, rapporte que 49% des sondés considèrent que la consommation de sacs en plastique est restée la même ou a augmenté. Et ce, malgré l’entrée en vigueur, en juillet 2016, de la loi 77-15 « interdisant la fabrication, l’importation, l’exportation, la commercialisation et l’utilisation des sacs en plastique ».

60% des commerçants sondés dans le cadre de cette enquête affirment que 80% de leurs clients exigent des sacs en plastique.Tandis que 65% des clients déclarent utiliser 5 à 15 sacs en plastique à chaque fois qu’ils font leurs courses. Élément paradoxal mis en avant dans cette étude : clients et commerçants avouent avoir connaissance de l’existence de la loi 77-15, mais 59% s’accordent sur l’impact négatif des sacs en plastique.

L’enquête pointe également du doigt le prix des sacs en plastique. Ainsi, 88% des commerçants considèrent que le prix des sacs en plastique a augmenté depuis l’entrée en vigueur de la loi. « Les commerçants sont directement impactés par la mauvaise application de la loi, car les sacs en plastique coûtent plus cher à l’achat et sont encore distribués gratuitement aux clients », affirme le collectif.

Dispositif de sanctions et alternatives

En 2017, le ministère de l’Industrie avait annoncé que 1.536 des opérations de contrôle de la production des sacs en plastique avaient été effectuées depuis l’entrée en vigueur de loi. Aussi, 20 procès-verbaux d’infractions avaient été transmis aux procureurs du roi à travers le pays.

Au niveau des marchés de vente des sacs en plastique, 9.077 infractions ont été enregistrées et 1.076 procès-verbaux d’infraction ont été transmis aux procureurs du roi. Les autorités avaient saisi 19 tonnes de sacs plastiques aux frontières. « Bien que la police effectue des contrôles au niveau des marchés, la source du problème est l’absence de sanctions des productions illégales et des distributeurs et grossistes de sacs en plastique« , note Mamoun Ghallab du collectif  Zéro Zbel.

Concernant les alternatives aux sacs en plastique, le ministère avait aussi donné des chiffres sur la capacité de production annuelle de produits de substitution. 4,6 milliards de sacs en papier, 100 millions de sacs tissés, 120 millions de sacs non-tissés ont été produits. Pourtant ces moyens alternatifs restent « globalement limités », selon l’enquête du collectif.

En effet, 40,1% des commerçants ont déclaré que leurs clients utilisent « peu régulièrement » ces alternatives aux sacs plastiques pour faire leurs courses. Et, si les clients peinent à adopter de nouveaux réflexes, c’est car ils considèrent ces alternatives « trop chères et peu pratiques« . Ainsi, 68% des clients affirment que si les sacs plastiques circulent toujours, c’est en raison de leur gratuité.

Plus de 50% des personnes sondées sont, quant à elles, catégoriques et assument refuser de changer leurs habitudes. Selon Mamoun Ghallab, « après l’opération zéro Mika, il n’y a pas eu d’autres campagnes de sensibilisation. Or, c’est important de faire un travail de fond pour inciter les citoyens à changer leurs habitudes« .

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