Comment Said Amzazi compte former et recruter 200 000 enseignants d'ici 2030

Dans le cadre du «Projet de programme de formation des enseignants«, Saïd Amzazi annonce la mise en place, dès la rentrée 2018, d'un nouveau mode de formation pour les enseignants s'étalant sur cinq années d'études. Objectif : répondre au besoin du recrutement d'enseignants et faire de la qualité de la formation une priorité.

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Saïd Amzazi, ministre de l'Education. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Said Amzazi a dévoilé, le 28 juin, l’une de ses solutions pour remédier au problème majeur de la qualité de l’enseignement au Maroc. Dans le cadre la refonte du système éducatif (2015-2030) qui comprend le «Projet de programme de formation des enseignants d’avenir du primaire, du collège et du secondaire qualifiant», le ministre de l’Education a annoncé, que la période formation des enseignants s’étalera désormais sur cinq ans, au lieu d’un an. En détail, il s’agira d’une licence universitaire sur quatre ans (dont une année en alternance) à la suite de laquelle l’étudiant devra intégrer pour un an un Centre régional des métiers de l’éducation et de la formation (CPR). La priorité sera donnée aux filières scientifiques et linguistiques. La mise en place de ce programme aura lieu à la prochaine rentrée scolaire.

Le but : «Former et recruter d’ici à 2030 au moins 200.000 enseignants» – soit un taux de renouvellement de 80% du personnel d’enseignement actuel – a déclaré Said Amzazi lors de la présentation, le 27 juin à Rabat, du «Projet de programme de formation».

Une feuille de route ambitieuse que le ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique compte mettre en oeuvre grâce à ce nouveau dispositif de formation. Lequel sera présent dans «toutes les universités marocaines», nous déclare une source ministérielle proche du dossier.

La même source n’a toutefois pas souhaité indiquer le montant de l’enveloppe budgétaire concernant la mise en route de ce chantier d’envergure. Et d’ajouter : «Il ne faut pas forcément mettre en rapport ce besoin national de recrutement et de formation de 200.000 enseignants avec l’ouverture de cette licence. Ce montant correspond au besoin actuel, mais il est susceptible de varier selon le nombre d’élèves qui s’inscriront dans la licence».

Mise à niveau des enseignants 

Cette démarche de refonte du dispositif de formation des enseignants s’inscrit dans l’inquiétant constat – qui ne date pas d’hier – du niveau de qualification des professeurs, cela tant dans le milieu primaire, secondaire, que supérieur. Dans ce sens, le ministre pointait du doigt, le 27 juin, à l’occasion de l’ouverture de séance d’audition et d’interaction du Conseil supérieur de la formation et de la recherche scientifique «les insuffisances du système actuel«, citant à titre d’exemple «le temps insuffisant requis pour la formation de base des enseignants, ne dépassant pas un an, le manque de connaissances, de compétences pédagogiques et méthodologiques chez les lauréats spécialisés, nécessaires à la pratique de la profession«. 

Ce programme bac +5 «repose sur un parcours pluridisciplinaire, quinquennal, pluridimensionnel et multidisciplinaire«, a fait savoir le ministre. Et de détailler : «Il permettra aux candidats, sélectionnés selon des critères précis, d’acquérir des connaissances académiques durant leur passage à l’université (licence pédagogique), avant d’avoir accès aux Centres régionaux des métiers de l’éducation et de la formation (CPR), dans le but de renforcer les compétences professionnelles des futures générations d’enseignants«.

Si la mise en route, dans toutes les universités du pays, de ce dispositif est bien effective à la date annoncée, elle constituerait un véritable changement pour le système éducatif marocain. Puisque, à ce jour, pour devenir enseignant au collège il suffit de disposer d’un bac +2 au CPR. Et, pour ceux qui souhaitent devenir professeurs au lycée, il faut avoir la licence +1 à l’Ecole normale supérieure (ENS).

Sur les pas de Mohammed Hassad

Des déclarations qui ne sont pas sans rappeler celles énoncées, en 2017, par l’ancien ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, Mohammed Hassad. Rencontré par TelQuel en août 2017, l’ancien ingénieur dépeignait déjà le sombre tableau de l’état de l’école marocaine, et surtout de celui de la «qualité de la formation des enseignants«. Dans le cadre de la Vision stratégique de la réforme 2015-2021 et du Plan gouvernemental 2016-2021, l’une des priorités de Hassad était ainsi celle de remporter cette «bataille de la qualité«.

A la différence d’Amzazi, Hassad misait sur une méthode plus douce, passant davantage par la sensibilisation. L’ancien ministre nous expliquait : «Former 250.00 enseignants en leur faisant dix jours de formation par an, cela fait 2.5 millions de journées de formations. Tout de suite, on est dans l’impasse [… ] On va commencer par des séances de discussions et non des séances de formation sur l’apprentissage. Deux ou trois jours sur l’année, comme des séminaires, et c’est ainsi qu’on va dégager les insuffisances (…) Il n’est probablement pas nécessaire de former les 250.000«.

Hassad avait aussi promis de recruter 24.000 nouveaux enseignants, afin de résoudre les problèmes liés à l’encombrement des classes et au manque d’effectif dans certains établissements.

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