Vivre avec 10 DH par jour, manger un bol de soupe le soir, arpenter les rues du quartier Gauthier en portant une chaise de massage à la main… Un pénible quotidien expérimenté par Tony Neuman durant près de six ans.
Tony, c’est un Américain, un new-yorkais. Un baroudeur aussi. Un masseur passionné surtout. A tel point que sa passion l’a mené à traverser l’océan Atlantique : direction l’Europe. Sans regarder derrière lui, l’homme alors âgé de 26 ans à l’époque, fait ses au revoir au pays de « l’american dream ». Une décision pleinement assumée par le professionnel : « C’est sans regret. J’aime de temps à autre retourner dans mon pays natal, rendre visite à ma famille… Mais je m’y ennuie vite. Les Etats-Unis ne m’étonnent plus, or je suis quelqu’un qui a besoin de surprises, d’aventure« .
Saut dans l’inconnu
Un choix pourtant étonnant : aux Etats-Unis, Tony n’était autre que le masseur privé de Steven Spielberg, Calvin Klein ou encore Kathleen Turner. « Certes, je massais des célébrités, mais ce n’était pas enrichissant pour moi. J’avais besoin d’autre chose ». Un souhait que le jeune homme réalise : après quelques années passées en France, il ouvre une école en Suisse, « Touch Line ». Spécialisé dans la formation au massage « assis », l’établissement attire des milliers d’étudiants. Ils y apprennent la technique japonaise de « l’Amma », laquelle permet « d’enlever le stress en 15 minutes top chrono, le temps d’une pause café ! », s’amuse Tony agitant ses mains. Comment ? « Grâce à un protocole très strict et très rythmé, basé sur l’acupression » un savoir-faire « qui relaxe tout en dynamisant ».
Après avoir formé plus 14.000 élèves européens, le praticien met de nouveau les voiles. Cette fois-ci cap sur le Maroc. « Je suis arrivé ici il y huit ans, à l’âge de 46 ans. Je ne connaissais rien au pays ni à la langue ! C’était un véritable saut dans l’inconnu. D’ailleurs, encore aujourd’hui je ne parle pas bien arabe… », dit-il avec malice. « Je suis tombé amoureux du pays, de sa culture. En arrivant, je me suis surtout dit qu’il y avait quelque chose à faire ici en termes de formation au massage. »
La magie d’une rencontre
Depuis son arrivée au royaume, cet homme de défi, a donc dit adieu aux clients privés et aux SPA de luxe. « Au lieu de me focaliser sur la formation, j’ai décidé de me focaliser sur la prestation d’entreprises ». Sur la commande de l’employeur, à la pause café ou entre deux réunions, les employées ont la chance de bénéficier, gratuitement, d’un moment de détente.
Si les débuts de Tony au Maroc n’ont pas été un long fleuve tranquille, sa patience et sa détermination ont fini par porter leurs fruits. « Depuis deux ans, je m’éclate et je suis full !« . Et pour cause, son entreprise (Massage assis amma by Tony Neuman), tourne à plein régime. De Rabat, à Ouarzazate en passant par Tanger, lui et ses trois employées sillonnent les routes marocaines pour masser des salariés de tous types d’entreprises. A eux quatre, ils réalisent au moins 140 massages par jours, soit 35 chacun.
Que ce soit dans des usines, des centres d’appels, des restaurants, ou encore des prisons, Tony prend toujours un immense plaisir à exercer son métier. « C’est un boulot fantastique. C’est plus qu’un travail pour moi. Chaque jour, je fais de nouvelles rencontres, chaque jour je me sens utile en apportant à ces personnes actives et stressées quelques minutes pour se relaxer et repartir au travail avec le sourire, en se sentant mieux. » Tony donne, mais il estime aussi recevoir : « C’est un échange humain avant tout. C’est le cas avec les femmes voilées, elles m’apportent tout autant que je le fais. Sans se comprendre, on arrive à communiquer par le langage corporel. Elles sont au début du massage un peu gênées et surprises, mais petit à petit elles apprécient, ce qui me réjouit à mon tour ».
Rester à tout prix
Depuis plus de trente années qu’il se consacre à sa profession-passion, Tony confie avoir désormais trouvé sa place, ici, au Maroc : « Je ne partirai pour rien au monde. Même si j’ai une relation ‘amour-haine’ avec Casablanca, j’ai construit une vie dans ce pays ».
Marié à une Marocaine et père d’un petit garçon, ce bourreau de travail, avoue tout de même avec le sourire, « Oui, mon épouse râle un peu sur le fait que je bosse autant, mais elle m’a connu quand j’étais dans la galère. Elle est donc aujourd’hui heureuse pour moi ». Un « american dream » déchu, qui fini bien.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer