Les saisonnières de Huelva portent plainte pour harcèlement sexuel

Des saisonnières Marocaines employées en Espagne à la cueillette des fraises viennent de dénoncer leurs conditions de travail en portant plainte. Trois ont déposé plainte pour harcèlement sexuel et une pour tentative de viol, selon les autorités et leur avocate.

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Plusieurs saisonnières marocaines parties ont porté plainte pour harcèlement sexuel et tentative de viol. Crédit: AFP PHOTO / CRISTINA QUICLER

« Dix portent plainte pour dénoncer leurs conditions de travail, dont trois qui dénoncent une situation de harcèlement sexuel au travail et une autre une tentative de viol », a déclaré à l’AFP Belen Lujan, l’avocate espagnole qui représente ces saisonnières employées près de la ville andalouse de Huelva (sud).

« Cinq ont porté plainte à la garde civile et cinq doivent faire une déclaration au tribunal », a détaillé maître Lujan. Elle assure également que beaucoup d’autres Marocaines voudraient également porter plainte, mais « on peur de le faire » ou sont reparties au Maroc. Un porte-parole de la garde civile à Huelva a confirmé le dépôt de ces cinq plaintes : « Une liée aux conditions de travail, trois pour avances sexuelles et une pour abus sexuel, toutes au sein de la même entreprise ».

Un homme de nationalité espagnole a été inculpé pour l’abus sexuel dénoncé, a-t-il précisé. Selon le secrétaire général du Syndicat andalou des travailleurs et travailleuses (SAT), Oscar Reina, les plaintes visent une entreprise de la commune d’Almonte, ayant employé temporairement « 500 femmes marocaines et roumaines ».

De février à mai, des milliers d’étrangères sont embauchées en Andalousie, le temps de la récolte des fraises et fruits rouges, avec des « contrats en origine » les obligeant à rentrer au pays à l’issue de la cueillette. « Il y a une exploitation (des saisonnières). Voire de l’esclavage moderne, c’est une honte », accuse le député du parti de gauche radical Podemos, Diego Canamero, lui-même ouvrier agricole andalou et porte-parole de ces femmes.

Lire aussi : Un premier suspect arrêté dans l’affaire des viols présumés sur les saisonnières marocaines

Selon cet élu joint par l’AFP, l’accord signé au Maroc prévoyait qu’elles seraient « payées 40 euros pour six heures et demie de travail quotidien, avec un jour de repos par semaine », mais « les employeurs leur donnent 36 euros par jour, ne paient pas les heures supplémentaires et ne respectent pas les repos ».

Yatim sort de son silence 

Cette annonce intervient alors que le sujet des saisonnières de Huelva a été évoqué dans la matinée du 5 mai à la chambre des représentants. Après plusieurs semaines de silence, le ministre de l’Emploi, Mohamed Yatim, a en effet répondu à une question du groupe Authenticité et modernité (PAM) à propos de ces « ouvrières marocaines victimes d’exploitation sexuelle dans les champs et fermes pour la cueillette de fraise en Espagne ».

A ce sujet, il a indiqué que le gouvernement marocain coordonnera les efforts « avec la partie espagnole, tout en déployant l’ensemble des moyens nécessaires pour limiter ces pratiques et y mettre fin, si elles sont prouvées ».

Tout comme Mustapha El Khalfi, quelques jours avant lui, le ministre de l’Emploi a incité les victimes d’abus sexuels à porter plainte auprès des services consulaires marocains ou des services relevant de son département. Il a également appelé à « œuvrer » pour le développement de cette opération de migration saisonnière qui, au titre de la saison agricole 2018, a concerné 11.000 ouvrières saisonnières auprès des entreprises agricoles de la région de Huelva.

Ces plaintes, ainsi que l’intervention de Mohamed Yatim, surviennent au lendemain d’une tentative d’expulsion forcée de près de 400 saisonnières Marocaines par une entreprise agricole de Huelva, qui elle-même intervient après le dépôt de plaintes pour « violation des contrats de travail » et « abus sexuels » par une centaine de saisonnières devant la police espagnole.

Selon Europa Press, certaines de ces travailleuses saisonnières n’auraient pas reçu leurs salaires. D’autres ont affirmé dormir dans des « conteneurs » ou dans des logements « sans climatisation » avec des  » fuites d’eau lorsqu’il pleut ».

 

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