Pourquoi le Maroc renforce-t-il sa flotte de F16 ?

Les Forces Royales Air (FRA) sont actuellement en pourparlers avec le Pentagone américain pour l’acquisition d’une douzaine d’avions de chasse F-16 Falcons Vipers. Quels pourraient être les termes de la commande? Le Maroc est-il habitué à ce modèle de pointe? Quels sont ses spécificités? TelQuel répond.

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Un F-16 marocain se fait ravitailler pendant les exercices de l'African Lion, fin avril 2018. Crédit: Defense Visual Information Distribution Service

 

Quel pourrait être le détail de la commande?

Les négociations pour ce genre de contrats sont longues. Entamées selon certaines sources depuis plusieurs années, elles ne devraient pas être finalisées avant 2020, pour une réception au minimum deux ans plus tard. 12 aéronefs neufs, ou bien 12 F-16 plus une option d’achat sur 12 autres, ou encore une vingtaine de seconde main… Plusieurs hypothèses sont sur la table, comme l’expliquait notre confrère Le Desk le mois dernier, après la visite à Washington de l’Inspecteur général des FAR, le général Abdelfattah Louarak.

Dans ces conditions, difficile d’estimer avec exactitude le montant de la transaction, même si on peut s’en faire une idée, en sachant qu’en 2008 le Maroc avait acheté 24 unités du précédent modèle pour 233,6 millions de dollars – ajouté à des systèmes de reconnaissance aérienne tactique, des équipements de mission et de soutien, de guerre électronique, ainsi que des pièces détachées et le support technique, la somme totale s’était finalement élevée à quelque 2,4 milliards de dollars.

Le Maroc possède-t-il déjà ce genre d’appareils?

En 2011, le Royaume a été le 25e pays – deuxième du monde arabe derrière l’Égypte – à intégrer des F-16 dans sa flotte. Il en a alors compté 24 (16 F-16C Block52 et 8 F-16D Block52 biplace), jusqu’à ce que l’un d’eux se fasse abattre au Yémen, le 10 mai 2015. Tous les engins qui participaient à la guerre menée par la coalition arabe – ainsi qu’à des opérations internationales en Syrie et en Irak – ont été rapatriés courant avril pour être redéployés dans les provinces du sud, en raison d’une montée des tensions avec le Front Polisario.

Outre des F-16, spécialisés dans les attaques air-sol, et des machines d’entraînement, l’arsenal des FRA est composé d’une cinquantaine d’avions de combat en service. Depuis le début des années 90, ces éléments ont participé à plusieurs missions humanitaires ou de maintien de la paix en Somalie (1993), en Bosnie (1995), au Kosovo (1999) ou à Al Hoceima (séisme de 2004).

Des Mirages F-1, acquis entre 1978 et 1982 et qui assurent principalement des missions de police du ciel, ont récemment fait l’objet d’un programme de modernisation pour plus de 500 millions de dollars. 24 F-5 Tiger, datant de la même période et destinés au soutien tactique et à l’interception d’ennemis, ont également été améliorés grâce à l’ajout de radars dernière génération et de nouveaux systèmes d’armement.

Selon un rapport du Groupe d’études en sécurité internationale de l’université de Grenade, publié en mars dernier, cette politique ambitieuse, initiée « en réponse à l’achat de 44 Su-30MK par l’Algérie », a permis à l’armée de l’air marocaine, « bien qu’elle ne soit pas la plus grande du continent, de disposer des systèmes d’armements les plus avancés ».

Quelles sont les caractéristiques du F-16?

Mis en service en 1978, le fleuron de la firme américaine Lockheed Martin est le chasseur le plus utilisé dans le monde. Capable d’atteindre une vitesse de 2.500km/h, il est polyvalent et peut accomplir aussi bien des interceptions que des bombardements et des tâches de reconnaissance. Autre avantage: il ne nécessite pas de coûts d’exploitation ni de maintenance élevés.

Mis à part ses performances techniques intrinsèques, le dernier-né de la gamme se démarque également du Rafale français par la qualité de son avionique. Il dispose par exemple du radar AESA à antenne active APG-83, qui lui offre notamment « une cartographie numérique de la zone des opérations, une capacité de frappe par tous temps, le suivi simultané de vingt cibles différentes, la conduite de missions air-air et air-sol au cours d’une même sortie aérienne », détaille la revue spécialisée Defens’ Aero. Dans le cockpit, le tableau de bord a été incorporé « au centre, devant le pilote », ainsi qu’un « écran numérique qui fournit, de jour comme de nuit, une image tactique de l’environnement et des images captées par la nacelle de désignation et d’observation ».

Pour apprendre à manier ces technologies de pointe, les pilotes marocains reçoivent généralement une formation de plusieurs mois aux États-Unis, comme l’indiquait lors du précédent arrivage un long article posté sur le Forum far-maroc. À l’époque, le fournisseur avait par ailleurs livré des simulateurs dernier cri pour que les aviateurs puissent se perfectionner chez eux, en particulier du côté de la base de Meknès.

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