Poutine souhaite un bon rétablissement à l'ex-espion russe Sergueï Skripal

Par

L'ex-agent russe Sergueï Skripal lors d'un procès à Moscou, le 9 août 2006 Crédit: Yuri Senatorov/AFP

L’ex-espion russe Sergueï Skripal, empoisonné à l’agent innervant, est sorti de l’hôpital de Salisbury (sud-ouest de l’Angleterre) où il était soigné depuis le 4 mars, a annoncé vendredi le service de santé public NHS England.

« C’est une nouvelle fantastique que Sergueï Skripal se sente assez bien pour quitter l’hôpital de Salisbury », a déclaré la directrice générale de l’hôpital Cara Charles-Barks, citée dans un communiqué.

L’empoisonnement de M. Skripal et sa fille Ioulia a provoqué une grave crise diplomatique entre Londres, soutenue par ses alliés occidentaux, et Moscou, accusé d’être responsable de l’empoisonnement survenu début mars, mais qui nie vigoureusement toute implication. Cette crise s’est traduite par la plus importante vague d’expulsions croisées de diplomates de l’Histoire.

Le président russe, Vladimir Poutine a commenté la nouvelle vendredi en souhaitant que l’ex-agent double reste en « bonne santé », et en mettant en doute le fait qu’il ait été empoisonné à l’aide d’un agent innervant. « Si un agent toxique militaire avait été employé, cette personne serait morte sur le champ. Heureusement, il est guéri, sorti (de l’hôpital) et j’espère qu’il restera vivant, en bonne santé et sain et sauf », a déclaré le président russe.

L’annonce de la sortie de Sergueï Skripal de l’hôpital intervient alors qu’une trentaine de pays se sont mobilisés, vendredi à Paris, pour trouver des mécanismes permettant de mieux identifier et punir les responsables d’attaques chimiques. « Nous devons affronter la réalité selon laquelle les armes chimiques ont été utilisées à de nombreuses reprises ces dernières années, au mépris de la Convention de 1997 sur les armes chimiques », a déclaré dans un communiqué le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, citant « la brutalité d’Assad en Syrie et les tentatives de meurtre à Salisbury ».

Un « défi énorme et sans précédent » pour soigner les trois victimes

Sergueï Skripal et sa fille avaient été retrouvés inconscients, le 4 mars sur un banc à Salisbury, où vit l’ex-espion de 66 ans. La police britannique estime que les Skripal sont entrés en contact avec le poison au domicile de Sergueï, où sa fille était venue de Russie pour lui rendre visite. Ioulia Skripal est sortie de l’hôpital le 11 avril, tandis que le policier Nick Bailey, le premier à leur avoir porté secours, et qui avait également été victime de l’agent innervant, est sorti dès le 22 mars.

Ancien colonel du service de renseignement de l’armée russe, Sergueï Skripal avait été accusé de « haute trahison » pour avoir vendu des informations au renseignement britannique, et condamné en 2006 à 13 ans de prison. En 2010, il avait fait l’objet d’un échange de prisonniers entre Moscou, Londres et Washington, et s’était installé en Angleterre. Londres accuse la Russie de les avoir empoisonnés avec un agent neurotoxique de conception soviétique appelé Novitchok, ce que Moscou a fermement démenti. Le 12 avril, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) avait confirmé l’analyse britannique sur l’identité du poison utilisé, précisant que la substance chimique était d’une « grande pureté ».

Pour l’équipe médicale, soigner les trois victimes de l’empoisonnement a représenté un « défi énorme et sans précédent », a déclaré dans le communiqué du NHS England la directrice des soins infirmiers, Lorna Wilkinson. Le rétablissement de Sergueï Skripal se déroulera « désormais loin de l’hôpital », dans un lieu non précisé.

À sa sortie de l’établissement, Ioulia Skripal avait décliné l’aide consulaire russe, selon la police britannique. D’après les médias britanniques, elle avait été emmenée en lieu sûr par les autorités. Cela avait provoqué l’ire de l’ambassade russe, qui avait estimé sur Twitter qu’elle était « retenue en otage ».

« Dans l’intérêt de la sécurité de Sergueï et de Ioulia, nous ne parlerons d’aucun des dispositifs de protection ou de sécurité en place », indique Scotland Yard dans un communiqué diffusé vendredi. La police souligne par ailleurs qu’ « il s’agit d’une enquête complexe et les détectives continuent de rassembler toutes les preuves pour établir les faits et les circonstances de cette horrible attaque ».

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer