Portrait-robot de l'entrepreneure marocaine

Les femmes marocaines ne représentent que 12% du nombre total des entrepreneurs du pays. Le constat est celui d'une étude présentée mardi à Rabat, réalisée par le secrétariat permanent de l'Organisation internationale du Travail (OIT) en partenariat avec le ministère du Travail.

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Person Zeo / Flickr

Au Maroc, les femmes entrepreneures représentent entre 10 et 12% du nombre total des entrepreneurs du pays. C’est l’une des principales conclusions de l’étude « Évaluation du développement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc », réalisée entre 2014 et 2015 par le Bureau international du travail (BIT), en partenariat avec le ministère du Travail et de l’insertion professionnelle et financée par le gouvernement du Canada.

Le but de cette étude était de « mettre à la disposition de différents acteurs du pays des recommandations pour le développement d’un cadre national stratégique et intégré visant le développement de l’entrepreneuriat féminin« . Selon l’étude, les entrepreneures marocaines sont « essentiellement concentrées sur Rabat et Casablanca« . Leurs chiffres d’affaires ne dépassent généralement pas les 20 millions de dirhams, voire 5 millions pour une « large proportion d’entre elles« .

Par ailleurs, les femmes qui travaillent en tant « qu’indépendantes et employeurs » représentent respectivement 16,5% et 0,8% de la population active occupée féminine. Des chiffres inférieurs à la population masculine, où les « indépendants » représentent 33,6% et les « employeurs » 3,3%.

Moins de 40 ans pour la plupart

Les femmes marocaines semblent, par ailleurs, s’impliquer dans l’activité entrepreneuriale à un stade plus précoce de leur vie par rapport aux autres femmes entrepreneures de la région MENA, souligne l’étude du BIT. Et pour la plupart d’entre elles, elles ont moins de 40 ans.

Leur niveau d’éducation, lui, varie entre le secondaire et le supérieur en milieu urbain, alors qu’en milieu rural, elles ont un niveau d’instruction inférieur ou sont non-scolarisées. Les femmes entrepreneures qui résident en milieu urbain ont, pour la moitié, une expérience professionnelle en tant que salariées, soit dans le secteur privé ou public. Ces dernières investissent pour la plupart dans les secteurs du commerce et des services. Pour ce qui est des entrepreneures résidant en milieu rural, elles investissent majoritairement dans l’agriculture.

En outre, leurs sociétés sont en grande partie des très petites entreprises (TPE). « Malgré les difficultés qu’elles connaissent, ces femmes entrepreneures ont créé en moyenne 4 à 5 emplois durant l’année de réalisation » de l’enquête, « ce qui montre le potentiel important d’opportunités d’emploi si elles sont soutenues par des programmes et politiques dédiées« .

Perceptions sociales et stéréotypes

L’étude du BIT s’est également intéressée aux « perceptions socialement construites » et aux « craintes intériorisées des femmes » qui constitueraient des facteurs majeurs entravant l’entrepreneuriat féminin. Selon une étude de 2013 de l’agence des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes), « la peur de ne pas pouvoir concilier vie privée et vie professionnelle, les stéréotypes véhiculés par l’environnement socioculturel et éducatif depuis le jeune âge sur le fait que l’entrepreneuriat relève du rôle de l’homme, les positions concurrentielles éventuellement créées entre les conjoints en matière de gestion du ménage et les conflits qui en découleraient, la discrimination systémique inhérente à leur genre généreraient autant de réticences chez les femmes quant à l’acte d’entreprendre« .

Si au Maroc, les lois et règlements ont réalisé des avancées très importantes en matière d’égalité femme-homme, les normes sociales posent encore problème quant à leur application. « Les femmes ont les mêmes droits que les hommes dans les domaines, entre autres, du travail, de l’accès à la propriété et au financement, de l’exercice d’activités commerciales, de production et d’exploitation, et de l’accès aux services sociaux de base. Cependant, les normes sociales traditionnelles pèsent encore lourdement sur l’effectivité de ces droits« , souligne l’étude.

Cette situation empêche une grande partie de la population féminine de développer les compétences et les expériences nécessaires pour entreprendre avec les mêmes chances de réussite que les hommes.

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