De notre correspondante à New York Salima Yacoubi Soussane, avec Yassine Majdi
Dernière ligne droite pour le traitement du dossier du Sahara à l’ONU. C’est dans l’après-midi du 17 avril que le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé ses travaux relatifs au mandat de la Mission des Nations Unies au Sahara (MINURSO) par une séance de consultation à laquelle a notamment pris part le chef de la mission onusienne basée à Laâyoune, Colin Stewart.
Durant cette rencontre, le Canadien a notamment évoqué les relations entre le Polisario et la mission onusienne en confirmant avoir été convoqué par le mouvement séparatiste pour des consultations à Tifariti et Bir Lahlou.
Le patron de la MINURSO a également évoqué les moyens dont dispose son équipe, mentionnant notamment la nécessité d’acheter un nouvel hélicoptère devant s’ajouter aux deux autres dont dispose déjà la MINURSO pour effectuer ses missions d’observation afin de faire respecter l’accord de cessez-le-feu, et l’accord militaire numéro un. Deux textes dont l’interprétation par le Maroc a fait l’objet de critiques émanant de la part du Front Polisario cette semaine.
Mémorandum vs briefings
En effet, deux jours avant l’intervention du chef de la MINURSO, le mouvement séparatiste a publié un mémorandum où il dénonce ce qu’il considère comme « une campagne médiatique et diplomatique frénétique de désinformation » menée par le Maroc pour dénoncer les incursions d’éléments du Polisario dans la zone située à l’est du mur de défense marocain.
Alors que le Royaume estime que le mouvement séparatiste veut créer un état de facto à cheval entre Bir Lahlou et Tifariti, le Polisario indique dans ce communiqué qu’il a, au cours des dernières années, organisé de « multiples événements » parmi lesquels des « rencontres gouvernementales et parlementaires« ainsi que la « réception de délégations étrangères« .
Une situation dénoncée par la diplomatie marocaine dans les couloirs de l’ONU où les représentants du Royaume s’activent auprès des membres du Conseil de sécurité et des journalistes, anglophones et arabophones présents sur place.
Comme pour répondre au Polisario, une source diplomatique réaffirme que les décisions prises par la Cour de justice de l’Union européenne et l’Union africaine au sujet du Sahara, et mentionnées dans la communication du mouvement séparatiste, ne « concernent pas le processus politique » placé sous l’égide des Nations unies.
Les diplomates marocains insistent également sur l’idée que le Polisario n’est qu’un « pion » dans le conflit du Sahara pour lequel la responsabilité doit être imputée à l’Algérie.
Le voisin de l’Est est présenté comme un acteur avec lequel il est difficile de « discuter » alors que les frontières entre les deux pays sont fermées depuis près d’un quart de siècle. Alger refuse également de tenir des rencontres au sujet du Sahara au niveau de l’Union du Maghreb arabe (UMA).
Si le Maroc est ouvert à l’idée de recourir à un pays membre de l’ONU pour une médiation, le voisin de l’Est affirme « ne pas avoir besoin d’intermédiaire » pour discuter avec le Royaume selon notre source diplomatique.
Köhler vs Ross
Du côté de la diplomatie marocaine, on évoque également la relation entre le Royaume et le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Horst Köhler. L’ex-président allemand est mis en opposition avec son prédécesseur, l’Américain Christopher Ross. L’ancien ambassadeur du pays de l’Oncle Sam à Alger est décrit comme une personne « intellectuellement malhonnête et ayant un penchant pro-Polisario« .
Notre source diplomatique accuse également l’ancien diplomate américain d’avoir adopté « un double discours » avec ses interlocuteurs à Rabat, Alger et Tindouf.
Des défauts que ne semble pas avoir l’actuel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara dont la « connaissance de l’Afrique » est saluée par notre interlocuteur qui met également en avant « l’intégrité » d’un homme qui « n’est pas payé » dans le cadre de ses fonctions.
La vision « économique et intégrationniste » de Köhler, ancien cadre du ministère allemand des Finances et ex-directeur du FMI, est également appréciée par la diplomatie marocaine qui espère que cette vision sera mise au service du plan d’autonomie marocain dans le but d’assurer une « prospérité et un développement partagé« .
Les « amis du Sahara » entrent en action
Si les diplomaties des deux camps s’activent, c’est aussi parce que le groupe des amis du Sahara a entamé la rédaction de la prochaine résolution relative à la MINURSO. Ce groupe est composé par l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, la Russie, et surtout les Etats-Unis qui, en tant que « pen holder », sont chargés de la rédaction du texte.
C’est cette résolution qui pourrait dicter aux parties du conflit la marche à suivre suite aux récents développements dans la zone située à l’est du mur de la défense.
L’an dernier par exemple, le groupe pensait à inclure une injonction adressée au Polisario pour que ses éléments quittent la zone de Guergarat suite à la crise ayant éclaté au mois d’avril dernier. Le texte sera ensuite présenté aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU en vue d’une adoption prévue pour le 25 avril selon le calendrier prévisionnel des Nations unies.
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