Mondial 2026: ce qu'il faut comprendre sur la mission de la Task Force au Maroc

La Task Force de la FIFA au Stade El Harti de Marrakech, ce mardi 17 avril 2018. Crédit: DR

Après s’être rendue en Amérique du Nord la semaine dernière, la commission de la FIFA chargée d’évaluer techniquement les candidatures à l’organisation de la Coupe du monde de football 2026, surnommée « Task Force », est en visite au Maroc du 16 au 19 avril. Telquel.ma répond à cinq questions sur cette instance, au pouvoir tant redouté.

Que vient-elle faire au Maroc?

Les cinq « experts » – accompagnés de quatre fonctionnaires de la FIFA – ont atterri lundi soir à l’aéroport Mohammed V de Casablanca. Aux côtés des présidents de la FRMF et du comité de candidature, ainsi que quelques sportifs marocains invités, ils sont repartis directement pour Marrakech.

Mardi, ils ont participé à un atelier d’analyse du livret de candidature marocain, avant de visiter les enceintes d’El Harti et du Grand Stade de la ville ocre. En fin d’après-midi, ils ont redécollé pour Agadir, où ils devraient se rendre mercredi matin au Stade Adrar. Ils reprendront ensuite l’avion pour Tétouan, où ils passeront par le Grand stade et le camp d’entraînement du Maghreb Athlétic (MAT).

Le lendemain, ils inspecteront les travaux de la Ligne à grande vitesse près de Tanger, avant de revenir à Casablanca. Les hôtes clôtureront leur séjour par un tour sur les futurs sites des Fan Fests (Corniche Sindibad, Place Mohammed V) et du Grand Stade de la métropole. Des excursions inopinées peuvent se rajouter à tout moment à ce programme.

Quelles sont ses missions?

La Task Force doit apprécier la capacité d’un pays à accueillir le plus grand événement sportif de la planète. Pour cela, elle se basera sur neuf critères, comme le détaille l’infographie suivante:

Barème de notation de la commission technique (source: Bid Book Morocco 2026)
Barème de notation de la commission technique (source: Bid Book Morocco 2026)Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Chacun donnera lieu à l’attribution d’une note de 0 (aucune exigence satisfaite) à 5 (exigence dépassée). Stades, installations à disposition des équipes et des arbitres, hébergement et transports : si un concurrent obtient une note inférieure à 2 dans l’un de ces trois postes, il sera automatiquement éliminé. Cela signifie que la commission a le pouvoir d’écarter une candidature avant même que celle-ci ne soit soumise au vote des 211 fédérations affiliées à la FIFA, programmé le 13 juin à Moscou. Ses conclusions, non contestables, seront communiquées quelques jours seulement avant l’assemblée générale.

Pourquoi a-t-elle été créée?

L’attribution des éditions 1998, 2006, 2010, 2018 et 2022 de la Coupe du monde ayant fait l’objet d’enquêtes judiciaires par les autorités américaines, suisses, allemandes et françaises, la FIFA a voulu redorer son blason en changeant les conditions de désignation du pays hôte. Là où il était précédemment choisi par le seul Conseil de la Fédération internationale, l’avis d’expertise étant uniquement consultatif, il est maintenant élu par son Congrès, après certification obligatoire de la délégation technique. Cette réforme a été validée en plénière en 2016, et de nouveau confirmée lors du dernier Conseil de la FIFA à Bogota, le 16 mars dernier.

Qui sont ses membres?

Les cinq membres de la Task Force sont tous des salariés de l’instance suprême du football mondial. Le plus connu du grand public est sans doute l’ex-milieu de terrain du Milan AC, Zvonimir Boban. Le Croate est également directeur général adjoint de la FIFA. Pour les habitués de la « Home of FIFA » zurichoise, Marco Villiger est aussi un nom familier. En effet, le Suisse, ex-directeur juridique et actuel secrétaire général adjoint de la FIFA, est considéré comme l’homme clé – et seul rescapé – des scandales qui ont secoué l’administration Blatter. Le Slovène Tomaz Vesel, président de la commission d’audit et de la conformité ; l’Indien Mukul Mudgal, président de la commission de la gouvernance ; et le Macédonien Ilcho Gjorgioski, membre de la commission d’organisation des compétitions, complètent ce panel.

La Task Force de la FIFA (montage TelQuel)
La Task Force de la FIFA (montage TelQuel)Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Pourquoi fait-elle polémique?

Selon des documents internes consultés par TelQuel, le comité de candidature marocain compte contester juridiquement la légitimité de la Task Force. « Cette possibilité pour des personnes non statutaires de décider en lieu et place des élus est du jamais-vu dans le monde du sport », estime l’ancien athlète et consultant Aziz Daouda. Selon lui, il sera cependant difficile de revenir en arrière, car le Maroc n’a pas contesté ses prérogatives dès le dépôt de son dossier. « À l’époque, on pensait qu’elle aurait le même rôle consultatif qu’auparavant. On ne se rendait pas compte de sa puissance, qui va à l’encontre des intérêts du Maroc, mais aussi du bon sens », se désole-t-il.

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