Kim Jong Un évoque pour la première fois un "dialogue" avec Washington

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Donald Trump et Kim Jong-Un, Image d'illustration Crédit: Mandel Ngan, Ed Jones/AFP

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a évoqué pour la première fois publiquement, lors d’une réunion du parti au pouvoir à Pyongyang, un « dialogue » avec les États-Unis, alors que se prépare un sommet historique avec Donald Trump.

Le chef de la Maison Blanche a accepté le mois dernier la tenue d’une rencontre avec le Nord, qui serait la première de l’Histoire entre un président américain en fonction et un leader nord-coréen. Ni la date ni le lieu de ce sommet n’ont cependant été arrêtés.

Lors d’une réunion de hauts responsables du Parti des travailleurs, lundi, M. Kim a discuté du « développement actuel des relations Nord-Sud et de la perspective du dialogue entre les États-Unis et la RPDC » (acronyme officiel de la Corée du nord), a rapporté l’agence officielle nord-coréenne KCNA. Il a présenté un rapport « sur la situation dans la péninsule coréenne » et notamment l’autre sommet, prévu à la fin du mois avec la Corée du Sud, selon KCNA.

Après deux années de montée des tensions liées aux programmes nucléaire et balistique nord-coréens, la péninsule est depuis le début de l’année le théâtre d’une remarquable détente, que doit illustrer la tenue le 27 avril d’un sommet exceptionnel entre M. Kim et le président sud-coréen Moon Jae-in. M. Trump avait annoncé le mois dernier qu’il acceptait le principe d’un sommet avec M. Kim pour discuter de la dénucléarisation. Mais jamais Pyongyang ne s’était exprimé publiquement sur une telle rencontre, depuis que l’invitation de M. Kim avait été transmise à M. Trump par des responsables sud-coréens.

La Corée du Nord veut « cesser d’être un État paria »

Certaines sources laissaient entendre que les semaines de silence nord-coréen sur le sujet suscitaient la nervosité de responsables américains, redoutant que les émissaires sud-coréens aient surestimé la volonté réelle du Nord de négocier son arsenal nucléaire. Les propos de M. Kim rapportés lundi viennent rompre ce silence, même s’il n’a pas spécifiquement parlé du « sommet » avec le président américain.

Devant la presse lundi, Donald Trump a annoncé, lui, que cette rencontre historique aurait lieu « en mai ou début juin ». « Je pense qu’il y aura un grand respect mutuel et nous espérons qu’il y aura un accord sur la dénucléarisation » lors de cette rencontre, a dit M. Trump. « Nous espérons que la (nouvelle) relation sera très différente de ce qu’elle a été pendant beaucoup, beaucoup d’années », a ajouté le président américain. Dimanche, le Wall Street Journal avait rapporté que la Corée du Nord avait confirmé directement auprès des États-Unis qu’elle était prête à négocier sur la dénucléarisation.

Dans les stations de métro de Pyongyang, de nombreux usagers étaient massés mardi matin autour des kiosques pour lire en « une » du Rodong Sinmun, l’organe officiel du parti, la dépêche de KCNA illustrée d’une photo de M. Kim présidant la réunion du Politburo. À la veille de l’ouverture de la session annuelle de l’Assemblée populaire suprême, le « Parlement » nord-coréen, l’inhabituelle couverture fournie de la réunion de lundi pourrait témoigner d’un désir de Kim Jong Un de projeter à l’étranger l’image d’un système politique « normal », selon un expert.

« Kim Jong Un est passé d’un système d’État d’urgence dominé par l’armée à un système normal dominé par le parti », observe Yang Moo-jin, professeur à l’Université des études nord-coréennes. « La Corée du Nord aspire à améliorer ses relations avec le Sud et les États-Unis pour cesser d’être un État paria ».

L’amélioration des relations sur la péninsule, après deux années marquées par trois essais nucléaires nord-coréens et des dizaines de tests de missiles balistiques, a été favorisée par les Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang, auxquels le Nord a finalement participé. Depuis lors, Kim Jong Un a fait ses grands débuts diplomatiques avec une visite surprise à Pékin, son premier déplacement officiel à l’étranger depuis son arrivée au pouvoir fin 2011. Le chef de la diplomatie nord-coréenne, Ri Yong Ho, est arrivé lundi à Moscou, où il doit être reçu par son homologue russe Sergueï Lavrov. M. Ri s’est également rendu le mois dernier en Suède, qui joue le rôle d’intermédiaire entre Washington et Pyongyang.

Beaucoup d’experts s’interrogent sur les chances de succès d’un éventuel sommet entre MM. Trump et Kim, deux dirigeants imprévisibles. D’autant que la rencontre aurait lieu sans les mois de travaux préparatoires qui interviennent généralement avant ce type de sommet.

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