Cambridge Analytica est une entreprise britannique d’analyse de données qui offre des services à des « groupes » désireux d’influencer le comportement des usagers des réseaux sociaux. D’après des enquêtes réalisées par The Guardian et le New York Times, l’entreprise a réussi à mettre la main sur 50 millions de comptes Facebook d’Américains durant la dernière campagne présidentielle.
Sur base des informations récoltées, la firme a ainsi pu prédire les intentions de vote, mais aussi les profils psychologiques et politiques des utilisateurs. Selon The Guardian, les données auraient influencé les résultats des élections présidentielles de 2016.
Tout commencé en 2015, quand Aleksandr Kogan, psychologue à l’université de Cambridge, développe une application baptisée « thisisyourdigitallife ». 270.000 personnes téléchargent ce programme présenté comme « une application de recherche utilisée par les psychologues« .
Les utilisateurs étaient par la suite rémunérés pour répondre à des tests de personnalité. Pour effectuer les tests, les individus devaient se connecter via leur compte Facebook. L’application a donc eu accès aux données personnelles des usagers, telles que leur localisation, liste d’amis, les pages qu’ils suivaient, les liens qu’ils partageaient, etc.
Dans un premier temps, Kogan avait donc récupéré légalement les données de ces utilisateurs. Sa compagnie, Global Science Research, avait passé un marché avec Cambridge Analytica, portant sur l’échange des données récupérées.
Trafic de données personnelles
Problème, l’application a aussi collecté les informations et données des amis des utilisateurs. Ceci lui a permis d’accumuler les données de dizaines de millions de personnes qui n’avaient en aucuns cas donné leur autorisation.
L’autre problème, c’est qu’en transmettant ces données à Cambridge Analytica, Aleksandr Kogan a violé les règles du réseau social. En 2015, Facebook avait alors supprimé l’application pour non-respect de sa politique. Kogan avait ensuite déclaré à Facebook que toutes les données avaient été détruites. Paul Grewal, vice-président du réseau social, dément pourtant ces faits: « Il y a plusieurs jours, nous avons reçu des informations selon lesquelles, contrairement aux promesses qui nous avaient été faites, toutes les données n’ont pas été détruites ». Selon le New York Times, des copies de ces données existent toujours, certains journalistes les auraient même consultées.
Facebook a donc décidé de suspendre les accès de la maison mère de la société, Strategic Communication Laboratories (SCL), ainsi que ceux d’Aleksandr Kogan, et Christopher Wylie, dirigeant de la société Eunoia Technologies et ancien employé de Cambridge Analytica.
Alexander Nix, le fondateur de l’entreprise, a déclaré dans une interview au site Contagious que l’initiative avait pour but de « combler le vide auquel font face les Républicains sur le marché politique« , depuis la défaite de Mitt Romney aux élections présidentielles de 2012.
Cambridge Analytica aurait travaillé durant la campagne de Trump, mais aussi pour celle d’autres candidats républicains tel que Ted Cruz. L’entreprise a également reçu un financement de 15 millions de dollars de la part de Robert Mercer, milliardaire américain principal donateur du parti républicain.
A qui la faute?
Face à ce scandale, certains politiciens ont réagi de manière très critique envers Facebook tant aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne. Le législateur britannique Damian Collins accuse le réseau social de minimiser les risques liés au partage des données des utilisateurs sans leur consentement.
A l’agence de presse Associated Press, il déclare: « quelqu’un doit en prendre la responsabilité. Il est temps pour Mark Zuckerbeg d’arrêter de se cacher derrière son écran« . Autre coup dur: après la révélation du scandale, Facebook a perdu près de 6,8% lundi à Wall Street.
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