Si Nasser Zafzafi dort depuis 9 mois derrière les barreaux de sa cellule à la prison d’Oukacha, cela ne l’a pas empêché d’offrir des roses aux femmes présentes dans la salle 7 de la Cour d’appel de Casablanca, où son procès et celui de 53 autres détenus du Hirak se poursuivait en cette matinée du vendredi 9 mars, au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes. Ce même jour, Bader Boulahajal était le 41e détenu du Hirak à comparaître devant le juge de la chambre criminelle de cette même cour.
Musicien et leader du groupe « Agraf », il est poursuivi pour « participation à un complot contre la sûreté de l’Etat« . Un crime passible de 5 à 20 ans de réclusion. Devant le juge et un auditoire peu nombreux composé d’une poignée de journalistes et de quelques membres des familles des détenus, visiblement las de la redondance des audiences, Bader Boulahajal doit, à l’instar de ses prédécesseurs à la barre, s’expliquer sur des photos publiées sur Facebook.
Alors que l’ennui commençait à s’installer au sein de l’audience, une photo a provoqué une vive polémique entre avocats de la défense et procureur. On y voit l’accusé et son groupe sur scène, jouant du « bendir » [percussion, NDLR], brandissant des portraits de leaders de la résistance marocaine, entre autres, Abdelkrim El Khattabi, Moha Ouhammou Zayani et Assou Oubaslam.
Étonné, Bader Boulahajal n’a pas caché son incompréhension quant à sa confrontation à une « photo normale d’un groupe musical qui ne fait que se produire devant ses fans« . Fait suffisamment rare pour être signalé, le procureur a demandé l’élimination de la photo du dossier, puisqu’elle ne « concerne en rien les faits pour lesquels l’accusé est poursuivi« .
Pourtant, l’avocat de la défense Me Mohamed Aghnaj s’y est tout de même opposé, estimant que le cliché « prouve l’innocence de son client« , affirmant qu’il possède également « une série de preuves à décharge, que la Cour a refusé d’incorporer au dossier« .
Depuis le box des accusés, le journaliste Hamid El Mahdaoui a hurlé à « l’injustice » et dénoncé un « procès de l’Histoire et des symboles de la Nation« , avant de se faire naturellement expulser par le juge. Pendant que les autres détenus se retiraient de la salle en soutien à El Mahdaoui, le représentant du parquet a regretté un « comportement n’ayant pour but que d’exercer une pression sur la cour« .
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