Une troisième femme a porté plainte pour viols, mercredi à Paris, contre l’islamologue suisse controversé Tariq Ramadan, déjà inculpé et incarcéré depuis un mois pour des faits similaires, a appris l’AFP de sources proches du dossier et judiciaire.
Cette Française d’une quarantaine d’années, qui souhaite garder l’anonymat, affirme avoir été sous l’emprise du théologien et avoir subi de multiples viols entre 2013 et 2014 en France, à Bruxelles et à Londres, selon la source proche du dossier citant la plainte.
Cette femme musulmane, qui a choisi le pseudonyme « Marie », affirme avoir subi des actes sexuels particulièrement violents et dégradants lors d’une dizaine de rendez-vous, entre février 2013 et juin 2014, le plus souvent dans des hôtels en marge des conférences à succès de l’islamologue de 55 ans. Sur cette période, « Marie tentait en vain d’échapper à l’emprise de M.Ramadan qui ne cessait de la menacer », selon la source proche du dossier.
« Il fallait que je lui obéisse, que je sois disponible 24h/24, que je fasse tout ce qu’il me dise, prendre des photos dans des positions de soumission, à genoux pour lui demander pardon, l’appeler « maître » », a-t-elle confié à la radio Europe 1. « Au départ, il y a eu des sentiments, sinon je n’aurais pas accepté de le voir. C’est une fois après l’avoir rencontré que je me suis dit « comment faire marche arrière? » . C’est là que j’ai perdu les pédales ».
Selon Europe 1, la plaignante avait confié à Tariq Ramadan « son passé d’escort girl » et avoir fait « partie des femmes rémunérées pour avoir eu des relations sexuelles avec Dominique Strauss-Kahn », ancien ministre français et directeur général du FMI, au cœur de plusieurs scandales sexuels qui lui ont coûté sa carrière politique. Des éléments dont l’intellectuel se serait servi pour la menacer, affirme la radio, qui a consulté des SMS reçus par la plaignante et que cette dernière attribue à Tariq Ramadan.
Le théologien a été inculpé le 2 février pour viols, dont l’un sur personne vulnérable, après les plaintes de deux femmes fin octobre, qui ont débouché sur une enquête confiée à trois juges d’instruction. Tariq Ramadan, qui conteste ces accusations, a été écroué en banlieue parisienne, la justice craignant une possible fuite, des pressions sur les plaignantes ou une réitération des faits.
La détention de ce petit-fils du fondateur de la confrérie islamiste des Frères musulmans a suscité un vif émoi dans une partie de la communauté musulmane, certains dénonçant un « deux poids, deux mesures », voire un « complot » contre une des rares figures médiatiques de l’islam européen.
Tariq Ramadan avait invoqué son état de santé pour contester cette détention, qui a été confirmé par la cour d’appel de Paris fin février sur la base d’une première expertise médicale. Cette dernière avait remis en question les deux maladies, une sclérose en plaques et une neuropathie, dont le théologien dit souffrir, jugeant leur diagnostic « incertain ».
Une expertise médicale complète a été ordonnée par les juges. Elle doit être rendu d’ici la fin mars.
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