Né à Imzouren, à quelques encablures d’Al Hoceïma, Karim Adduchi est aujourd’hui un des designers de mode les plus en vue de sa génération. Le magazine Forbes place le designer de 29 ans parmi les 30 personnalités artistiques et culturelles de moins de 30 ans les plus influentes en Europe. Alors qu’il est né de parents tailleurs, son activité de designer professionnel est en quelque sorte la suite logique d’une enfance vécue entre tissus et ciseaux.
La mode, comme outil d’expression
En 1993, il rejoint son père, qui a quitté son Rif natal à la recherche de prospérité à Barcelone. « Puisque je ne parlais pas l’espagnol, je me suis vite retrouvé à communiquer uniquement par dessin », nous confie-t-il. Karim Adduchi découvre une nouvelle forme d’expression, visuelle et créative. Son talent est repéré par ses mentors qui lui conseillent de développer ses aptitudes en techniques de peinture italienne.
Après deux ans d’étude à l’Université Pompeu Fabra, Karim Adduchi rejoint la Faculté des Beaux-Arts de Barcelone. Lorsqu’il n’est pas dans une salle de cours, il opère au Musée d’art contemporain de Barcelone et à la Fondation Miro.
En 2010, il déménage à Amsterdam où il poursuit sa formation au sein du fashion department de la Gerrit Rietveld Academie. Son travail fait parler de lui aux Pays-Bas et ailleurs en Europe avant même qu’il n’obtienne son diplôme en 2015.
La même année, Karim Adduchi signe « She Knows Why The Caged Bird Sings », une collection largement inspirée de son héritage amazigh. « C’est pour moi une manière de retrouver mes racines. J’ai souhaité me concentrer sur la tradition orale des femmes berbères, comme ma mère, et plus particulièrement sur les non-dits« , nous explique-t-il.
La mode, « une responsabilité sociale »
Aux yeux de Karim Addouchi, la mode n’est pas qu’un « produit », mais aussi un outil pour connecter et créer des communautés. Fin 2017, il collabore avec des réfugiés syriens installés à Amsterdam sur une nouvelle collection baptisée « She Has 99 Names ». Une ode à la femme arabe, ses 99 nuances d’attitude, de l’élégance subtile au déchaînement féroce, mais aussi ses 99 voix, ses 99 forces…
« Je sens que je dois assumer une responsabilité, celle de combattre les problématiques sociales et humaines à travers le prisme de la mode. Je ne me vois pas comme un artiste politiquement engagé ou un simple fashion designer. J’essaie de redonner goût à la vie à ceux qui se sont retrouvés sans maison ni pays, pour les aider à se relancer« , témoigne-t-il avant de rappeler que son dessein est d' »éradiquer les clichés autour des diasporas arabes et musulmanes« .
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