Les billes noires des terrains de football sont-elles cancérigènes?

JUNG YEON-JE / AFP

Depuis plusieurs mois, les médias internationaux s’inquiètent de l’impact sanitaire de ces granulés, fabriqués à partir de pneus recyclés. 

« L’état actuel des choses fait qu’on peut légitimement craindre qu’un enfant, qui commencerait le foot à 6 ans, en y jouant trois fois par semaine jusqu’à l’âge de 30 ans, courrait un risque (élevé de développer un cancer) », alarme un scientifique néerlandais, dans un témoignage diffusé ce jeudi par l’émission Envoyé spécial (France 2).

Cité dans ce même reportage, une entraîneuse américaine de football a recensé 250 cas de cancers parmi les usagers réguliers de ces gazons artificiels. 60% d’entre eux sont des gardiens de but, censés être plus souvent en contact avec le sol.

Appréciées pour leur souplesse, leur résistance et le peu d’entretien qu’elles demandent par rapport à un pré naturel, ces particules de caoutchouc sont des fragments de vieux pneumatiques. Contraints de recycler leurs produits en fin de vie, les fabricants voient dans ce débouché une véritable aubaine. Il faut effectivement quelque 20.000 pneus pour une seule pelouse.

Or, des experts évaluent à 190 le nombre de substances toxiques ou cancérigènes contenues dans ce revêtement. Alignée sur les normes du secteur automobile, sa teneur en hydrocarbures aromatiques polycliniques (HAP) serait inappropriée pour ce second usage. Ainsi, le taux serait de 25 à 35 fois supérieur à celui autorisé pour les jouets.

(en novembre, une enquête du magazine So Foot avait déjà mis le sujet sur le devant de la scène)

Peu avant la diffusion du programme, le gouvernement français a demandé à l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) d’ouvrir d’une enquête. Dans un communiqué, il précise toutefois que « l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a procédé en 2017 à une évaluation préliminaire des risques pour la santé humaine (…) Le rapport a conclu à un faible niveau de préoccupation au vu des concentrations d’hydrocarbures (…) mesurées dans les granulés, qui s’avèrent être sous les limites de concentration réglementaires prévues dans le cadre du règlement européen sur les produits chimiques« .

Aux États-Unis, The Agency for Healthcare Research and Quality a estimé que les études existantes commandaient la plus grande vigilance, tandis que la municipalité d’Amsterdam (Pays-Bas) a tout bonnement interdit la construction de nouvelles enceintes recourant à ce produit.

En attendant, les spécialistes recommandent quelques gestes simples: après un match, enlever les grains qui ont pu se glisser dans les vêtements ou les chaussures, puis se doucher en se frottant bien la peau.

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