TelQuel Arabi: Ahmed Raïssouni s’est prononcé pour le test ADN pour la filiation. Êtes-vous pour?
Mustapha Ramid: Je suis pour l’utilisation de ce type de test dans le but de prouver la relation biologique et de ne pas léser l’enfant dans ses droits.
Au Maroc, les membres des communautés chrétiennes et chiites commencent à donner de la voix. Qu’en pensez-vous?
À mon tour je vous pose la question: combien de chrétiens ou de chiites sont en prison ou font l’objet de poursuites en justice? Il n’y en a pas tant que cela. Les gens dont vous parlez ne violent pas les dispositions du Code pénal. D’ailleurs, ce Code ne prévoit aucune sanction contre les personnes affirmant avoir épousé une autre confession.
Lorsque j’étais ministre de la Justice et des Libertés, et en même temps patron du Parquet général, un individu a été condamné à deux ans de prison pour être devenu chrétien. J’ai donné mes directives pour qu’il soit innocenté, car il n’était pas coupable de l’ébranlement de la foi d’un musulman. La Cour a suivi mon raisonnement et l’individu en question a été libéré.
Lire aussi: Mustapha Ramid: « Le Palais n’a pas besoin de moi » (1/3)
Quelles sont vos positions sur les relations sexuelles librement consenties et de la rupture du jeûne?
Les citoyens ont le droit d’exercer leurs libertés individuelles de la manière dont ils l’entendent, mais dans un cadre privé. En ce qui concerne l’exercice de ces libertés dans un cadre public, la plupart des législations l’interdisent au niveau mondial, y compris celles de quelques pays européens.
Parfois, la police donne l’assaut contre des habitations dans le but de prendre en faute des citoyens. C’est de l’abus et c’est inacceptable. Mais dans le champ public, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.
Et les droits des homosexuels?
L’homosexualité n’est pas un droit de l’Homme. C’est une entorse aux droits de l’Homme. Je signale que la Cour européenne avait estimé, dans un verdict, que le mariage homosexuel ne faisait pas partie de ces droits, et ce avec le consensus de ses 47 membres.
Mais, dans le civil, la même cour leur a laissé le libre choix. Et je le répète encore une fois: lorsqu’il s’agit d’agissements dans la sphère privée, on ne dit rien. C’est dans l’espace public que cela pose problème.
Suite à une décision royale, les femmes peuvent désormais devenir Adouls. Qu’en pensez-vous?
Avant de parler de cette nouvelle ouverture, il ne faut pas oublier que la femme marocaine peut être juge, ministre, parlementaire, caïd, directrice d’une grande entreprise industrielle… Donc, en principe, il n’y avait aucun problème pour qu’elle puisse exercer toutes sortes de responsabilités.
Mais il y a un problème historique avec le système judiciaire du pays. Au moment du dialogue national pour la réforme de la justice, nous avions étudié cette question sous toutes ses formes et nous avions conclu que rien n’empêchait la femme d’intégrer plusieurs professions judiciaires.
(Propos recueillis par Cherki Lahrech pour TelQuel Arabi. Traduction par Mohammed Boudarham)
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer