La revue médicale indépendante Prescrire a listé 90 médicaments « plus dangereux qu’utiles » dont plusieurs sont disponibles au Maroc. Le ministère de la Santé estime pour sa part qu’il faut se fier aux certifications, et non à ce genre d’études.
Avez-vous déjà pris du Muxol, du Bisolvon ou encore de la Thiovalone, afin de soigner un rhume, des maux de gorge ou une toux persistante? Ces produits n’ont « pas d’efficacité clinique démontrée au-delà d’un effet placebo, et ils exposent à des réactions anaphylactiques et à des réactions cutanées graves, parfois mortelles, telles que des érythèmes polymorphes, des syndromes de Stevens-Johnson, des syndromes de Lyell (…) et des réactions allergiques à type d’œdèmes cutanéomuqueux de la face, de glossites, voire d’œdèmes de Quincke« .
Cette mise en garde est adressée par le mensuel Prescrire – qui se targue de se financer « intégralement » grâce aux abonnements – dans son bilan 2018 des « médicaments à écarter pour mieux soigner ».
Ce dernier se base sur une analyse de la littérature scientifique diffusée entre les années 2010 et 2017. La revue précise que les effets indésirables provoqués par les substances répertoriées « sont disproportionnés« , et que « le paracétamol, en maîtrisant sa posologie, est une meilleure option« .
Pour la septième édition de son guide annuel, la publication française a listé 90 médicaments dont il juge le rapport bénéfices/risques défavorable. Tous ces médicaments sont pourtant autorisés par les instances européennes. La majorité d’entre eux l’est également par leurs homologues marocaines, comme le prouve une recherche rapide sur la base de données médicaments du ministère de la Santé.
Toutes les spécialités sont concernées, de la pneumologie-ORL (14 références) à la médecine de la douleur (7), en passant par la cardiologie (11), la cancérologie (8) et la psychiatrie (7). Les réactions supposées vont des allergies à des suicides, des hépatites ou encore des accidents cardiovasculaires.
Du principe de précaution
« Du point de vue de la santé des patients, comment justifier de les exposer à un médicament qui cause plus d’effets indésirables que d’autres du même groupe pharmacologique, ou d’efficacité similaire? (…) Au-delà de la démarche active des soignants d’écarter ces médicaments de leur panoplie thérapeutique, les autorités de santé ont aussi à prendre des dispositions concrètes qui protègent les patients« , interpellent les auteurs de l’étude.
« Chacun est libre de dire ce qu’il veut, mais les seuls éléments probants sur lesquels on peut se baser sont les certifications délivrées par les autorités sanitaires officielles« , réagit Omar Bouazza, directeur de la pharmacie et du médicament au ministère de la Santé.
« Ce n’est pas parce qu’une revue, aussi sérieuse soit-elle, proscrit l’usage d’un produit, que nous devons prendre une décision dont les conséquences peuvent avoir de graves répercussions. (…) Si un médicament permet de sauver un malade suite à un infarctus, je préfère qu’on puisse l’utiliser. Même s’il provoque des réactions cutanées, qui seront certes gênantes, mais traitables« , conclut le responsable.
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