C’est dans la matinée du 25 janvier que le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a donné le coup d’envoi de la réunion du Conseil exécutif de l’Union africaine qui rassemble les ministres des Affaires étrangères des 55 membres de l’UA. Une réunion lors de laquelle le Maroc était représenté par son ambassadrice en Éthiopie, Nezha Alaoui M’hammdi, qui a donc aussi remplacé le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita lors de la traditionnelle photo de famille.
L’Afrique sous le choc
Lors de son discours prononcé dans la salle de conférence Nelson Mandela, Moussa Faki Mahamat a tout d’abord évoqué les déclarations du président américain Donald Trump qui avait qualifié de « pays de merde« ou « trous à rat » (« shithole » en version originale) les pays africains lors d’une rencontre à la Maison-Blanche au début du mois de janvier.
« L’Afrique n’a pas encore fini de digérer les déclarations du président des États-Unis qui ont profondément choqué par les messages de mépris, de haine, de désir de marginalisation et d’exclusion de l’Afrique qu’elles ont véhiculés », a déclaré le président de la Commission de l’UA.
Pour le Tchadien, ces propos, les décisions de Donald Trump sur le statut de Jérusalem ainsi que la réduction des budgets de maintien de la paix au niveau mondial signifient que « le multilatéralisme connait une grave crise ». Pour le Tchadien, l’Afrique doit donc rester « unie, intégrée, en paix, prospère, fière, digne et respectée dans le concert des nations ».
Les projets phares de 2018
Moussa Faki Mahamat a également évoqué l’agenda de l’organisation pour l’année à venir, sa deuxième année à la tête de la Commission de l’Union. 2018 sera donc placée sous le signe de la lutte contre la corruption qui, couplée aux flux financiers illicites, coûte chaque année plus de 50 milliards de dollars au continent. À l’image de la lutte contre le terrorisme, l’Afrique devra mener un combat « global » pour endiguer ce fléau, souligne Moussa Faki Mahamat.
Cette année sera également celle de la mise en place du plan du président rwandais Paul Kagame pour réformer l’Union africaine. Trois projets phares seront lancés dans ce sens au cours de l’année 2018. Le premier concerne la mise en place d’une zone de libre-échange continentale.
Ce projet, initié en 2016, prévoit le rassemblement des marchés communs et des organisations régionales sous l’égide d’une zone de libre-échange commune rassemblant les 55 membres de l’UA. Moussa Faki Mahamat a également annoncé que l’UA plancherait sur la libre circulation des personnes et des biens ainsi que la libéralisation du transport aérien en Afrique.
Réduire la dépendance financière
Enfin, le président de la Commission a également évoqué les finances de l’UA. Pour rappel, les pays membres de l’organisation avaient pris la décision d’appliquer une taxe de 0,2% sur des importations éligibles dans le but de permettre à l’Union d’être indépendante financièrement, ou de moins dépendre en tout cas des contributeurs étrangers. Alors que certains pays ont déjà pris des mesures dans ce sens selon Moussa Faki, la contribution étrangère au budget de l’organisation panafricaine était de 74% en 2017. En 2018, l’objectif est d’abaisser ce chiffre à 59%, afin de soulager l’Afrique d’une dépendance « insoutenable et insupportable« .
Dans le courant de la journée du 25 janvier, les nouveaux membres du Conseil paix et sécurité devraient être désignés. Les discussions du Conseil exécutif devraient également porter sur la participation africaine et la coordination des efforts du continent au sein des organisations internationales.
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